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7 décembre 2009 1 07 /12 /décembre /2009 17:37
Voici le plan détaillé de mon mémoire de fin d'études:
"La place de l'art-thérapie dans les prises en charge courtes à groupe ouvert.
D'une expérience art-thérapeutique dans un service de pédopsychiatrie".

table des matières:

 

Introduction.

 

Première partie:

L'art-thérapie à dominante théâtrale permet aux adolescents en situation de crise aigüe, de s'exprimer librement, de lâcher-prise et de prendre de la distance dans un cadre sécurisant:

 

I- L'adolescence est une période de transformation corporelle et psychique:

A- les différentes phases du développement psychique de l'enfant:

  1. Les stades prégénitaux.

  2. La relation objectale selon Mélanie Klein.

  3. l'apport de Winnicott.

  4. L'apport de Didier Anzieu.

  5. La place du jeu dans le développement de l'enfant.

B- L'adolescence est un entre-deux temps:

  1. le manque de repères entre le temps de l'enfance et le temps de l'adulte.

  2. La transformation corporelle change l'image que l'adolescent peut avoir de son corps.

  3. La reviviscence de la position schizo-paranoïde et la mise en danger du Moi.

C- Dans un contexte familial et/ou socio-éducatif défaillant, des pathologies peuvent apparaître:

  1. Le syndrome dépressif avec ou sans passage à l'acte.

  2. L'anorexie mentale.

  3. Les pathologies du lien.

  4. Les problématiques sociales: la délinquance et la violence.

  5. Les psychoses adolescentes.

 

II- la pratique des expressions théâtrales dans les ateliers d'art-thérapie peut être bénéfique aux adolescents en situation de crise:

A- L'art-thérapie est un moyen d'expression privilégié assurant un cadre sécurisant et contenant:

  1. L'art a été de tout temps un moyen d'expression pour l'homme.

  2. Les processus de création peuvent être utilisées dans une visée thérapeutique.

  3. La notion de cadre et de contenant.

  4. la notion de créativité.

B- L'expression théâtrale, de par la richesse des différentes techniques utilisées, permet à l'art-thérapeute de s'adapter aux différentes pathologies de l'adolescence dans le souci d'une prise en charge adaptée:

  1. L'improvisation permet un lâcher-prise, une prise de distance et une remise en lien.

  2. Le grommelot peut aider l'adolescent ayant des difficultés à communiquer ou des difficultés de langage à s'exprimer plus librement et à mieux utiliser le langage corporel.

  3. L'écriture par le cadavre exquis, n'engageant pas le langage verbal, peut aider l'adolescent à s'exprimer sans l'appréhension du regard de l'autre tout en jouant et se laissant aller à la surprise.

  4. La scène est l'espace potentiel au sens winnicottien.

  5. La mise en scène et le jeu font office de tiers.

  6. De la place de l'acteur à la place de spectateur.

 

2ème partie:

La mise en place de l'atelier d'art-thérapie à dominante théâtrale s'est effectuée dans une unité de soins au sein du service de pédopsychiatrie du Bois Perrin:

 

I- Le projet art-thérapeutique a été soumis et accepté par l'ensemble de l'équipe pluridisciplinaire:

A- L'unité Antarès est une unité de soins accueillant des adolescents en situation de crise aigüe et ce pour une durée n'excédant pas six semaines:

  1. Présentation de l'unité et du projet de soins.

  2. Présentation de l'équipe pluridisciplinaire.

B- Le projet art-thérapeutique s'adapte à l'essentiel des problématiques inhérentes aux diverses pathologies rencontrées:

  1. Le projet art-thérapeutique proposé est à dominante théâtrale incluant l'écriture d'un recueil de textes et de saynettes.

  2. Les objectifs de l'atelier ont été fixés en fonction des problématiques rencontrées par l'adolescent.

  3. le déroulement des séances.

  4. Les réunions de synthèse.

 

II- Bilan de 5 séances illustrant notre expérience au sein de l'unité Antarès et trois études de cas:

A- Bilan, contenu et observations de 5 séances.

B- Etudes de cas:

  1. Lilian.

  2. Cécile.

  3. Lucie.

 

III- intérêt d'une pratique art-thérapeutique dans une unité de soins proposant des prises en charge courtes:

A- Les bénéfiques de l'art-thérapie pour les daolescents.

  1. Les bénéfices du médium « expressions théâtreles ».

  2. Les bénéfices de l'art-thérapie.

A- Les bénéfices de l'art-thérapie pour l'équipe pluridisciplinaire.

 

3ème partie:

Discussion autour des médias « récup'art » et « expressions théâtrales » et de leur validité dans le cadre de prises en charge courtes à groupe ouvert.

 

I- La question de la temporalité a demandé une adaptation de nos projets art-thérapeutiques:

A- Le médium « récup'art » a pu trouver sa place dans ce cadre de prise en charge grâce à l'idée d'une oeuvre en perpétuelle construction.

  1. Le projet de départ a évolué pour une meilleure adaptation à la problématique temporelle des prises en charge.

  2. les objectifs de l'atelier regroupent les problématiques les plus courantes.

  3. Le déroulement de séances.

B- Le médium « expressions théâtrales » s'adapte à la question de la temporalité:

  1. Il est indispensable d'avoir une abondante banque d'exercices divers.

  2. le lien a pu être créé par l'élaboration d'un recueil de textes et de saynettes.

 

II- Le médium « expressions théâtrales » semble mieux adapté à la temporalité et permet des observations plus fines et complètes:

A- Confrontation des deux médias:

  1. Les avantages et les limites du médium « récup'art ».

  2. Les avantages et les limites du médium « expressions théâtrales ».

B- Bilan de la discussion.

 

Conclusion.

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6 octobre 2009 2 06 /10 /octobre /2009 16:56

















Nous sommes allés ce week end à la pointe de Bilfot, dans les côtes d'armor, lieu ou habite et travaille le sculpteur Kito. dans un écrin de verdure, il expose librement ses créations. Voici quelques photos:

















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31 juillet 2009 5 31 /07 /juillet /2009 16:33

 

Formation d'art-thérapie, cursus par correspondance.

PROFAC, Arles.

Stéphanie Carvalho-Périchaud.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Rapport de stage pratique

Du 15 octobre 2008 au 30 juin 2009.

Service de pédopsychiatrie du Bois Perrin

Unité Antarès

Rennes ( 35 )

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Responsable de stage: Michel Jamet.

 

 

  

 

Remerciements:

 

Nous tenons à remercier tous les adolescents venus dans nos ateliers; pour tous les moments de partage, de rires et d'émotions.

 

Un grand merci à Claire Nicolas, art-thérapeute de l'AFRAPATEM, qui a continué à nous suivre, à nous écouter et nous conseiller.

 

Grands remerciements aux différentes co-thérapeutes, à toute l'équipe de l'unité Antarès ainsi qu'à Michel Jamet et Alexis Roubini qui nous ont accordé leur confiance et qui nous ont été d'une aide précieuse.

 

 

 

Table des matières:

 

 

Introduction. p.1

 

1ère partie:

Le service de pédopyschiatrie du Bois Perrin:

 

1- Présentation de l'unité Antarès et de son projet de soin. p.2

2- Les divers acteurs de l'unité Antarès. p.3

3- Entretiens autour de la pluridisciplinarité p.4

4- Quel est l'apport de l'art-thérapie: entretiens avec les membres de l'équipe. p.5

 

 

 

2ème partie:

L'adolescent en atelier d'art-thérapie:

 

1- De l'adolescence. p.7

2- Les pathologies rencontrées. p.7

3- Le projet art-thérapeutique: les média « expressions théâtrales »et« écriture ». p.8

4- Le déroulement des séances. p.9

5- Les réunions de synthèses. p.10

 

 

3ème partie:

Etudes de cas:

 

1- Le cas d'une prise en charge plus longue que les autres: Lilian. p.11

2- Cécile. p.12

3- Lucie. p.13

 

Conclusion. p.16

Annexes. p.17

 

 

 

Introduction:

 

Lors de notre précédent stage, nous avions élaboré un projet art-thérapeutique articulé autour du médium « récup'art », qui était alors le sujet de notre mémoire. Face à la problématique des prises en charge courte à groupe ouvert à laquelle nous avons du nous adapter, nous avions décidé de changer le sujet de notre mémoire afin de comprendre quelle peut être la place de l'art-thérapie dans un tel contexte de travail. Afin de confronter des médias différents, nous avons décidé d'utiliser le média « théâtre » pour ce nouveau stage. Au cours des mois passés au service de pédopsychiatrie, nous avons du ajuster le projet de départ et parfois nous adapter à des situations inattendues.

  

 

1ère partie:

Un service de pédopsychiatrie Du Bois Perrin:

 

 

1- Présentation de l'unité Antarès et de son projet de soin:

 

Le centre du Bois Perrin est un service de pédopsychiatrie attaché au CHGR ( Centre Hospitalier Guillaume Régnier). Nous avons effectué notre stage au sein de l'unité Antarès, accueillant les adolescents de moins de 16 ans pour une durée relativement courte ( habituellement de 3 à 6 semaines ).

Le projet de soin s'effectue en trois temps: le temps d'accueil, le temps groupal et le temps de remise en liens.

 

Le temps d'accueil:

 

Celui-ci commence par un entretien de pré-admission avec le médecin et un infirmier; il s'agit du premier contact avec la famille et le jeune. Suite à cette consultation, le jeune et sa famille sont accueillis par un infirmier qui leur présente l'unité et son fonctionnement. Une fois le jeune admis, un protocole d'accueil est élaboré. Celui-ci dure 2 jours au cours desquels, l'adolescent , dans un espace contenant et dans le cadre d'une relation privilégiée et individualisée avec les infirmiers, va pouvoir verbaliser, penser et mettre une distance avec sa problématique. Durant ce protocole d'accueil, un bilan somatique sera effectué ( bilan sanguin, ECG) ainsi qu'une évaluation psychologique. Un bilan scolaire sera proposé ainsi qu'un bilan complet par le pédiatre. Pendant ce temps, l'équipe pluridisciplinaire va définir des actions de soins.

 

Le temps groupal:

 

Après les deux jours de protocole, l'adolescent intègre le groupe et la vie institutionnelle. Les règles de la vie en société permettent l'institution d'un cadre thérapeutique contenant ( régularité, respect du groupe, des règles et des soignants). Le jeune va pouvoir aller à diverses activités ( balnéothérapie, école, cirque,...)

 

Le temps de remise en lien:

 

Il va de pair avec le temps groupal. Les visites des familles vont pouvoir avoir lieu; l'adolescent peut également être amené à passer le week end en famille. L'infirmier référent accompagne le jeune et sa famille lors de cette phase. Il arrive que cette remise en lien nécessite un partenariat étroit avec les CADS, les familles d'accueil ou encore les institutions éducatives ou médico-sociales.

 

Les objectifs:

 

la contenance ( contenir les angoisses de l'adolescent mais aussi de la famille, les passages à l'acte éventuels ainsi que l'agressivité de l'adolescent); la mise à distance par la verbalisation et l'élaboration psychique; remise en lien avec le réseau social ( famille, école..); assurer le relais pour la suite de la prise en charge.

2

 

 

2- Les divers acteurs de l'unité Antarès:

 

Nous avons interrogé plusieurs membres de l'équipe pluridisciplinaire de l'unité afin de mieux cerner le rôle de chacun.

 

Les psychologues:

 

Elles sont au nombre de deux. L'une est à mi-temps sur l'unité et travaille également dans deux autres unités du Bois Perrin. La deuxième psychologue travaille à 30% sur l'unité et anime également deux groupes de psychodrame. Elles ne voient pas les parents, mais uniquement les enfants. Mme T. voit les enfants au moins deux fois durant leur hospitalisation. Tandis que Mme B. voit chaque enfant 1 fois par semaine. Toutes deux soulignent que, dans ce type de prise en charge, leur travail est plus du domaine de l'évaluation et de l'observation que du domaine de la thérapie à proprement dite. Toutes deux participent aux réunions cliniques et institutionnelles qui ont lieu chaque semaine. La réunion clinique est centrée sur le patient, l'élaboration du projet de soins, l'indication d'orientation pour la post-hospitalisation. La réunion institutionnelle permet, quant à elle, une régulation d'équipe, une réactualisation des projets de soins, le maintien de médiations...En les interrogeant sur les limites de leur poste, toutes deux nous ont souligné le problème d'un travail tournant surtout autour de l'évaluation diagnostique et non du soin. Il a également été question de la difficulté, dans ce contexte, de faire naître le désir de psychothérapie.

 

L'interne:

 

Le but de l'internat est d'être formé afin de devenir psychiatre. L'interne doit faire un semestre dans différents services et il a obligation d'effectuer deux semestres en pédopsychiatrie. Les responsablités qui lui sont octroyées dépendent de l'avancée dans le cursus. Au sein de l'unité Antarès, il s'agit pour celui-ci de prendre en charge certains patients seul ou bien accompagné du chef. Il agit aussi sur le somatique. Il peut conduire des entretiens avec le patient et la famille seul ou bien en présence du médecin superviseur. Il fait également le lien avec les différents intervenants ( service socio-éducatifs, judiciaire) et est en interconnection avec les différents intervenants. L'interne est sous la supervision d'un médecin qui détermine le degré d'autonomie qu'il peut lui accorder.

 

Les infirmiers:

 

Nous n'avons eu le temps d'en interroger qu'un. Il travaille à plein temps de jour sur l'unité. Il participe à l'accueil, au suivi de l'hospitalisation ainsi qu'à l'organisation de la sortie du patient. Il dirige également des entretiens avec le patient. L'entretien de pré-admission permet d'évaluer la demande et le degré d'investissement de l'enfant dans les soins à venir. Il accompagne les patients dans diverses activités: le cirque, la balnéothérapie ainsi que l'informatique ( celle-ci se fait de façon informelle). Il a été plusieurs fois notre co-thérapeute lors des séances d'art-thérapie. Il souligne que l'infirmier est amené à travailler sur le médical ( traitement des troubles) mais qu'il récolte également des informations afin d'afiner la clinique du médecin ( travail d'observation). Il faut chercher l'alliance avec le patient. Pour lui la limite de son travail est imposé par l'adolescent, car c'est celui-ci qui fixe la limite. « Notre engagement s'arrête à l'engagement de l'enfant ». «  C'est à nous de savoir jusqu'où on peut aller. ». 3

Le cadre:

 

Il s'occupe de toute la logistique: suivi des commandes ( hotellerie, immobilier, fournitures, travaux..) afin d'assurer la qualité de la prise en charge et la sécurité des patients. Il manage également l'équipe dans le sens du projet de soin et encadre l'équipe infirmière et l'ASH ( Agent Sanitaire et Hotelier). Il peut servir de tampon médiateur entre l'équipe et le médecin. Il y a aussi une dimension clinique du au parcours de celui-ci afin d'aider à la prise de distance: il est une oreille attentive pour l'équipe infirmière. Il participe aux diverses réunions des cadres: interne à l'unité, médecin/cadres, de l'établissement. Il encadre également les étudiants: art-thérapeutes, infirmiers, éducateurs..il peut de temps à autre déléger cette fonction à des infirmiers référents. Il gère également les plannings et l'absentéisme. Il transmet également les informations qui viennent de l'établissement. Les limites de son poste sont imposées par la réglementation du travail ou des protocoles. Il faut être capable, selon lui, d'apporter ses idées et d'impulser des réflexions collectives.

 

Les psychiatres:

 

Dr R. a un statut de chef de service et est également responsable de fédération. Il est en mi-temps clinique sur Antarès et en mi-temps institutionnel. Il est en relation avec les différentes instances: mileu socio-éducatif, instance judiciaire, la psychiatrie adulte, les structures privées et associatives. Il dirige les entretiens de pré-admission, de suivi. Il arrive qu'un entretien se fasse qu'avec les parents selon le contexte. Il y a aussi les entretiens individuels avec l'enfant. Pour lui, les limites de sa fonction sont imposées surtout par l'appréciation des projets au chef de service de l'intersecteur de la pédopsychiatrie. D'ailleurs, les différents chefs de service se réunissent 3 à 4 fois par an. Il n'y a pas assez de temps pour voir les patients. Il y a bien entendu la limite des moyens qu'on leur accorde ainsi que les nouvelles lois en vigueur. Il a pu , ceci dit, mettre en place le système des visites à domicile ainsi qu'un hôpital de jour depuis l'été dernier lors des fermetures avec une équipe relais ( mais aucun moyen supplémentaire n'a été octroyé pour ce projet).

Dr C. est praticien hospitalier psychiatre depuis 18 mois à Antarès. Elle est à temps plein sur Antarès. Elle s'occupe de l'évaluation et de la prise en charge des patients. C'est avec Dr R. qu'elle décide des indications d'hospitalisation. Elle prépare également les relais de suivi. Elle conduit également les entretiens avec les familles et en individuels avec l'enfant. Elle est représentante à la C.M.E. ( Commission Médicale d'Etablissement). Lorsque nous avons parlé des limites de son poste, il a été surtout question du manque de suivi thérapeutique. Ceci dit, pour elle c'est une autre façon de travailler ( elle travaillait précédemment en psychiatrie adulte à Fougères): « on va vers du direct. Il y a plus de rentre-dedans. »

3- Entretiens autour de la pluridisciplinarité:

Si tout le monde semble s'entendre pour dire que la pluridisciplinarité est importante dans leur travail, cela ne va pourtant pas de soi de travailler en équipe pluridisciplinaire. Pour une des psychologues interrogées, il est important que chacun garde son identité professionnelle propre et qu'il y ait une connsaissance partagée des dossiers. Mais se pose le problème de la clause de confidentialité. Que peut-on dire au reste de l'équipe? Elle parle de restitution orale avec l'équipe mais qui reste tout de même un peu censurée. Par contre, elle trouve intéressant de pouvoir confronter son regard et sa pratique à ceux des autres. Pour l'interne, on peut parfois se heurter à des conceptions différentes et cela peut tourner selon la personne soit à la confrontation soit à l'enrichissement. De plus, des courants de pensées peuvent s'opposer et il n'est pas simple dans ce cas de sortir de discussions pouvant se révéler interminables. 4

Pour certains, la pluridisciplinarité n'est pas vraiment présente, car beaucoup d'intervenants ne viennent pas aux réunions alors que leurs observations seraient intéressantes à croiser avec celles des autres professionnels présents. Pour l'infirmier, la pluridisciplinarité permet d'avoir un autre regard sur l'enfant ainsi que de collecter des informations diverses qui permettent de mieux cerner la personne. Cependant celle-ci doit être régulée dans des temps d'échange et de ligne commune. Le cadre de l'unité Antarès préfère parler de « pluriprofessionnalité ». En effet, la discipline est la psychiatrie au sein de laquelle se rencontrent diverses professions. Cette diversité est pour lui très importante pour construire un projet de soin résultant d'une réflexion collective. Pour le dr R., la psychiatrie étant transversale, elle est donc pluridisciplinaire. Il nous a semblé que dans sa position, il est probablement celui qui vit le plus la pluridisciplinarité. En effet, il est en relation avec les différentes instances extérieures au Bois Perrin ( justice, socio-éducation,conseil général..) ainsi qu'avec l'équipe interne au Bois Perrin.

Ce qui ressort tout particulièrement de ces entretiens est que chacun peut vivre différemment cette notion en fonction de son poste, de sa discipline également. Nonobstant, il est clair qu'il est important que chacun apporte, avec sa propre spécificité, un autre regard sur le patient afin d'afiner les observations et de mieux cerner la problématique de chaque patient.



 

4- L'apport de l'art-thérapie: entretien avec les membres de l'équipe:



Pour une des psychologues interrogées, cette pratique est intéressante dans le sens où la parole peut être compliquée pour l'adolescent. Elle favorise l'expression du sujet et amène celui-ci à donner à voir autre chose de lui-même. C'est aussi un espace préservé où surgissent créativité et surprise. L'art-thérapie, selon elle, est un espace transitionnel sans mise à nu.

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Pour l'interne, ce fût quelque chose de complètement nouveau, car elle ne connaissait pas du tout l'art-thérapie. Elle souligne que par le jeu, le ludique, l'art, l'accès à l'imaginaire est plus aisé et qu'ils permettent à l'enfant de s'exprimer autrement. Par contre dans le contexte bien particulier d'Antarès, elle se pose la question de savoir si on peut parler d'art-thérapie, puisque pour elle c'est une thérapie au long court. Ce à quoi, nous répondons que l'art-thérapie diffère d'un activité occupationnelle de part ses objectifs. Ce n'est certes pas classique de pratiquer l'art-thérapie dans des conditions de prise en charge très courtes, mais le travail d'observation et d'évaluation que nous faisons, permet également d'afiner les observations des autres particiens. De plus, nous avons pu remarquer, et ce à quasi chaque séance, une prise de distance des patients, une prise de plaisir et un mieux être.

L'autre psychologue souligne que l'art-thérapie peut faire surgir chez les enfants des choses qui les surprennent ( nous en revenons donc à la surprise).

L'infirmier, pour sa part, pense l'art-thérapie comme un enrichissement sur une approche différente de l'enfant. Cela apporte un autre regard sur l'enfant. Par contre, il trouve le support « objet » plus confortable que les jeux de scène. « Par les jeux de scène, on arrive à quelque chose de dense mais cela est plus délicat à manipuler ». « On voit tout l'investissement des enfants. »

Pour le cadre de l'unité, l'art-thérapie est une ouverture, car elle est proposée par quelqu'un d'extérieur, qui fait partie de l'équipe mais qui ne vient qu'une fois par semaine. Cela offre un regard extérieur et différent. C'est un espace qui offre la possibilté aux patients d'être différents. C'est également un espace d'expression libre: expression des affects, distanciation de leur fonctionnement habituel, vision différente des choses. Le théâtre a été questionné par l'équipe car ce n'est pas une pratique habituelle. Pourtant, selon lui, c'est un espace d'expression utile et intéressant, car la mise en scène, le jeu font office de tiers. C'est très intéressant pour les jeunes adolescents qui ont du mal à faire du lien.

Pour le Dr C, l'art-thérapie représente un éclairage clinique différent. Elle confirme ou parfois donne une autre lecture du patient. Pour les enfants, cela peut être vécu comme une contrainte car elle donne une place particulière à celui-ci. Elle apporte du plaisir mais peut aussi être douloureuse.

Pour le Dr R., il s'agit d'une approche clinique complémentaire. Elle permet d'observer l'enfant différemment et de travailler sur sa problématique. Pour les enfants, c'est une possiblité de s'exprimer, de reprendre confiance en soi, de se réaffirmer et de se laisser aller.

 

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2ème partie:

L'adolescent en art-thérapie:



1- De l'adolescence:



L'adolescence rime pour beaucoup avec crise. Mais plus q'une crise, c'est une transformation, une « mue » pour emprunter l'image de Françoise Dolto. Dans les sociétés traditionnelles, ce passage de la vie d'enfant à la vie d'adulte est marquée par des rites d'initiation. Mort initiatique et séparation symbolique d'avec la mère. Cela apporte aux adolescents un repère dans le temps et une rupture de leur isolement. Dans nos sociétés industrialisées, ces rites ont disparu et les jeunes sont mis face à eux-mêmes, à leur transformation sur laquelle les mots ne peuvent être posés.

Françoise Dolto illustre très bien ce qu'est l'adolescence avec son concept du « complexe du homard ». Il faut imaginer, tout comme les homards, que le jeune est en pleine mutation: le corps se transforme, des cicatrices peuvent s'y inscrire et rester indélibiles. Le jeune est entre deux périodes de la vie: mort de l'enfance et un devenir d'adulte, une re-naissance en quelque sorte, qui comme la première naissance ne se fait pas sans douleur, que celle-ci soit physique ou psychique. Il ne faut pas oublier qu'à cette période, l'adolescent revit un pan d' « éléments de la phase schizo-paranoïde ( position au cours de laquelle le nourrisson agit sur un mode de relation clivée bonne mère/mauvaise mère et d'objet partiel; suit ensuite la position dépressive au cours de laquelle apparaît la relation d'objet total; tout au long de la vie d'un individu, ces deux positions se succèderont). Il y a donc conflit, certes avec la famille, l'environnement socio-éducatif, mais aussi avec lui-même. Pris entre deux mondes, un qui s'éteint et un en devenir, l'adolescent cherche qui il est, comment composer avec ce nouveau corps qu'il perçoit mal et avec lequel il ne se sent pas à l'aise, comment faire avec sa nouvelle sexualité ( le jeune passe de l'auto-érotisme à l'hétéro-érotisme ). Le manque de valorisation , l'incompréhension auxquelles l'adolescent doit faire face ne font que le faire se replier sur lui-même. L'image de soi, l'image du corps sont remises en question. On comprend aisément que ce passage soit difficile, que l'adolescent puisse se réfugier dans l'agressivité, les effets de bande, la toxicomanie ,si l'entourage ( et nous ne parlons pas que des parents mais de tout l'environnement socio-éducatif) n'est pas « suffisamment bon », pour reprendre l'expression de Winnicott.



2- Les pathologies rencontrées et les problématiques qui s'en dégagent:



Comme nous l'avions souligné lors de notre précédent rapport de stage, il n'est pas posé de diagnostic psychiatrique. Il s'agit plutôt d'états transitoires. L'important étant de faire la différence entre bouleversement adolescent et pathologie.



Les situations les plus rencontrées au sein de l'unité Antarès:



  • Des syndrômes dépressifs ( vision péjorative de soi-même de l'avenir et du monde), mal-être au sein d'un contexte familial compliqué avec parfois expression de la part du patient de comportement incestueux ou violent. 7

  • Pathologies du lien: rupture scolaire, sociale et / ou familiale; mais aussi angoisse de la rupture, refus de séparation d'avec un ou les deux parents; troubles de l'attachement.

  • Troubles du comportement: manque de concentration, enfants rapides, hyperactifs.

  • Problématique sociale: délinquance, violence.

  • Débuts de troubles psychiatriques: troubles bipolaires ou maniaco-dépression ( ce sont des variations d'humeur hors proportions; le sujet, dans la phase maniaque, est euphorique, se pense tout-puissant, peut être irritable ou expansif et ce pendant au moins une semaine; puis vient la phase dépressive au cours de laquelle le sujet présente des idées morbides, des troubles du sommeil et de l'appétit et ce pendant environ deux semaines; il peut y avoir des périodes dites mixtes au cours desquelles le sujet va vivre les deux phases quasiment tous les jours).

  • Anorexie.

  • Conduites addictives: alcoolisme, toxicomanie.

     

Les problématiques inhérentes à ces différentes situations:



  • Une mésestime de soi/ Dévalorisation de soi.

  • Pas de prise de distance et donc pas de recentrage sur soi possible.

  • Manque de liens avec les autres et avec eux-mêmes.

  • Des difficultés à entrer en relation avec l'autre et avec soi-même.

  • Des problèmes de limites: corporelles, spatio-temporelles.

  • Difficultés à être en groupe avec angoisse de perte de l'identité, de l'individualité.

  • Une inhibition de l'imaginaire et du plaisir de jouer.

  • Une impression de vide et de vacuité, de transparence, de non-existence.



3- Le projet art-thérapeutique: les médias « expressions théâtrales » et « écriture »:



Notre idée de départ était d'utiliser les tecnhiques élaborées et améliorées par Augusto Boal. Nous n'avons pas utilisé que ces techniques, car tout au long de nos lectures, recherches, nous avons « pioché » dans bien d'autres techniques, notamment celles de Serge Minet, des stages de clown auxquels nous avons participé, ainsi que du site de dramaction. Nous pouvons dire que nous avons fait un dosage de toutes ces différentes techniques; nous avons été aménés à transformer certains exercices, nous en avons inventé d'autres également. Nous avons surtout travaillé sur l'improvisation, mais nous avons également introduit des textes, notamment certains contes tirés du livre «  la triste fin de l'enfant huitre et autres histoires » de Tim Burton, la tirade du nez de « Cyrano de Bergerac » d'Edmond Rostand et enfin « contes à guérir, contes à grandir » de Jacques Salomé.

Nous avions pris le parti d'introduire l'écriture dans nos séances. Mais dans une forme bien particulière: le cadavre exquis. Le but était qu'à chaque séance, nous écrivions tous ensemble un texte, une saynette afin délaborer un recueil. Le cadavre exquis a été inventé vers 1925 par les surréalistes.

8

Ce jeu consiste à composer une phrase ou un dessin par plusieurs personnes sans que celles-ci ne puissent savoir ce que le précédent a écrit ou dessiné. Il y a plusieurs variantes de ce jeu, nous n'en avions retenu que deux mais trois techniques ont été utilisées:

  • Un enfant écrit une question, plie la feuille afin de cacher ce qu'il a écrit; le suivant répond à la question sans avoir aucune idée de ce qu'il lui est demandé.

  • Un enfant écrit une phrase, plie la feuille et commence une autre phrase; le suivant contine cette phrase, plie la feuille et commence une autre phrase, ect..

  • Un enfant écrit le sujet, l'autre le verbe, ect....

André Breton a dit au sujet du cadavre exquis: « ...On a enfin disposé d'un moyen infaillible de mettre l'esprit critique en vacances et de pleinement libérer l'activité métaphorique de l'esprit. »



Les objectifs:

Tout en s'amusant, l'expression théâtrale permet à l'adolescent:

  • de mieux maîtriser son corps ( expression corporelle).

  • De respecter le cadre scénique et art-thérapeutique et donc de retrouver les limites.

  • De respecter ses partenaires, et améliorer les troubles de la relation.

  • De lâcher-prise. Avec le cadavre exquis, par exemple, le fait de ne pas savoir ce qui a été écrit précédemment, on fait rentrer le hasard, donc la surprise. Le fait que ce soit écrit permet d'accèder plus facilement au lâcher-prise.

  • D'entrer en relation avec l'autre et avec soi-même. En effet, l'improvisation c'est la rencontre de deux personnages. Mais c'est aussi aller à la rencontre de soi. De plus, l'improvisation demande à être attentifs aux diverses informations véhiculées par l'autre, par soi-même, à tenir compte de ses ressentis et de celui de ses partenaires. C'est aussi la rencontre de deux imaginaires.

  • De retrouver confiance en soi.

  • De restaurer l'affectif, la communication verbale.

  • De recréer des liens.

  • De redécouvrir le plaisir de jouer.

  • De dédramatiser.

  • De développer l'imaginaire.



4- Le déroulement des séances:

  • Le temps d'accueil: présentation des différentes personnes, de l'art-thérapie, des règles ( respect de l'autre et de soi, écouter l'autre, pas de passage à l'acte, pas d'interférence lors des improvisations, respect du matériel mis à la disposition.).

  • Le temps d'expressions théâtrales: échauffement corporel, de la voix et de l'imaginaire, travail sur l'espace, la rythmique, les sensations, jeux en aveugles, des jeux de statues, grommelot, mimes, improvisations, travail sur des textes...

  • Le temps du cadavre exquis: élaboration à plusieurs, de courts textes ou courtes saynettes sur un thème choisi par les adolescents; lecture du texte à plusieurs. 9

  • Il est arrivé que nous fassions des cadavres exquis oraux.

  • Le temps de fin de séance: rangement du matériel, expression ou non des ressentis de la séance, salutations.

  • Le temps d'observations avec le co-thérapeute.



5- Les réunions de synthèses:

Avec l'art-thérapeute:

Nous avons gardé le même rythme de rencontres que l'année dernière: une fois per semaine pendant une à deux heures. Nous lui parlions de la séance précédente et de ce que nous souhaitions mettre en place pour la suivante. Celle-ci a pu nous aider à ajuster certains exercices que nous inventions ou que nous voulions adapter aux problématiques des jeunes dont nous nous occupions. Nous avons pu revenir avec elle sur l'expérience râtée d'une fin de prise en charge à la fin de mon stage ( nous en parlerons lors de la troisième partie). Nous avons eu par ailleurs un entretien à ce sujet avec le chef de service, le Dr R.

Avec l'équipe:

Les réunions ont eu lieu toutes les six semaines. Nous rédigions un rapport de synthèse sur les séances passées que nous transmettions à l'équipe en deux exemplaires. Nous discutions des observations faites au cours des séances passées, du bien-fondé d'une continuation de l'indication d'art-thérapie pour certains patients. Ces moments d'échange avec le reste de l'équipe ( infirmiers, psychologue, cadre, psychiatres, interne..) était précieux dans le sens où nous pouvions approfondir notre réflexion, confimer des traits de personnalité de certains patients ou créer la surprise et apporter un regard nouveau sur les patients, comme ce patient qui refusait d'écrire depuis des années et qui ne posait aucune opposition à le faire lors des séances d'art-thérapie. L'équipe a pu éclairer nos observations par les connaissances approfondies qu'ils avaient des jeunes et de leurs pathologies. Ces réunions nous ont également donné la possibilité de revenir sur des difficultés rencontrées

10

3ème partie:

Etudes de cas:

Averstissement: les prénoms utilisés sont inventés.

1- Un cas de prise en charge plus longue que les autres: Lilian:

Lilian est un adolescent de 14 ans, adressé pour troubles du comportement à l'école et au domicile familial: insultes, fugues, transgression du cadre éducatif avec majoration des troubles en janvier.

Lilian est venu toutes les semaines à partir de mi-avril et ce, jusqu'à la fin juin 09. Il est très enthousiaste et demande même à revenir.

Comportement:

On peut relever deux séances au cours desquels Lilian a été particulièrement débordant. Lors de la première séance, il ne respectait pas les autres adolescents présents, lorsqu'il était en position de spectateur: il intervenait dans leurs improvisations ou se moquait. Lors d'une autre séance, il s'est montré dissipé car il y avait la présence d'un autre jeune avec qui une sorte de jeu un peu sadique s'était installé: l'autre jeune ne cessait de lancer des piques sur les chambres à gaz, les nazis ( or, Lilian a des parents proches juifs); ce à quoi, lilian répondait avec une excitation sans borne, comme s'il se trouvait dans une phase maniaque.

Par contre, lors de toutes les autres séance, il s'est montré très respectueux du cadre, des autres jeunes et de leurs productions. Ce qui ne transparaissait pas forcément à l'extérieur de l'atelier d'art-thérapie d'ailleurs.

Estime de soi / confiance en soi:

Il se dévalorise facilement lors des premières séances. Il a besoin de beaucoup de réassurance. Il a parfois un grand souci de la performance. Il a donc fallu lui assurer que la performance artistique n'était pas le but de nos séances; mais bien l'expression libre. Pour cela, le temps d'accueil au cours duquel nous donnons les règles du cadre art-thérapeutique était aussi l'occasion de réitérer le fait que nous ne demandions à aucun d'eux de nous montrer des performances d'acteur ou d'écrivains. Le fait, qu'à la fin des improvisations, le groupe applaudisse et bien souvent face des compliments spontanés ont permis à Lilian de reprendre confiance en lui petit à petit.

Recréer du lien/ Relation à l'autre:

S'il a pu au fil des séances être en relation avec les autres et créer des liens avec ceux-ci , il nous semble qu'il n'en est pas forcément de même avec lui-même. En effet, plusieurs fois, nous avons pu constater la difficulté pour celui-ci de sortir des personnages qu'ils créaient lors des improvisations ou l'impossiblité qu'il avait de jouer son propre rôle ( ce que nous entendons par là, c'est que lorsqu'il n'avait pas besoin d'être un personnage, qu'il devait être lui-même, il n'y parvenait pas ). Il semble que cette tendance se remarque également en dehors de nos ateliers. Il est intéressant de voir que les personnages qu'il prend sont souvent des super-héros qui ne sauvent personne à part lui-même; ce qui laisse supposer que Lilian cherche à se sauver mais que lui ne pouvant pas le faire, c'est un Lilian Super Héros qui apparaît et dont il a du mal à se départir. Pour pallier ce phénomène, nous avons travaillé sur des textes ( Tim Burton, Jacques Salomé et Edmond de Rostand). Ce qui a créé une grande surprise chez lui, car lors de la sixième séance, lors du temps d'accueil, il demande à jouer à partir d'un texte. Or c'est ce que nous avions prévu pour cette séance. Ceci lui a permis de ne pas rester enfermé dans un rôle, mais de réussir à sortir de l'aire de jeu et de revenir à l' « aire de réalité ». 11

Expression d'émotions, d'affects:

Il est très théâtral et maniéré dans sa façon de jouer: avec des gestes très « théâtre antique » , très surjoués, donc pas naturels. Les émotions éxprimées sont en inadéquation avec le contexte ou avec le texte proposé. Il donne souvent l'impression de « bouillir » intérieurement, d'être dans un chaos de ressentis inassemblables qui peuvent le faire exploser à tout moment, mais qu'il tente de contenir tant bien que mal.

Imaginaire/Création:

S'il semble très à l'aise dans les improvisations, nous avons pu constater que ses jeux restent très plaqués à du réel ( dessin animés, films, séries ). Lors de jeux où nous avons introduit la musique, nous avons constaté qu'il était bon interprète mais qu'il ne créait pas, restant là encore très plaqué.

Lâcher-prise/Prise de distance/ Plaisir de jouer:

Lilian a souvent du mal à être dans le présent. Ceci dit, il parvient tout de même à se détendre au fil de la séance et ainsi à prendre un peu de distance. Il prend plaisir à jouer, à improviser et à écrire ( alors même qu'il n'a pas rendu d'écrit à l'école depuis des années). Il a quelques fois réussi à lâcher prise, notamment lors de la séance centrée sur l'auto-dérision.

Pour conclure:

Nous avons pu établir une relation de confiance avec Lilian qui prenait un réel plaisir à venir aux séances. Il a pu trouver un espace contenant et suffisamment sécurisant. Il est parvenu à entrer en relation avec les autres adolescents présents tout en les respectant. Le fait qu'il parvienne à écrire dans nos ateliers montre que ,dans un cadre où le souci de performance est absent, où la réassurance et la confiance sont bien installées, le jeune peut se laisser aller à la création.

Nous souhaitons revenir sur ce qui fût sa dernière séance. Nous souhaitions le préparer à la fin de sa prise en charge en art-thérapie. Nous pensions avoir une dernière séance avec Lilian après celle-ci mais ce ne fût pas le cas. Nous avions donc décidé de lui annoncer la fin de sa prise en charge pour la semaine d'après. C'était la fin de la séance. Nous avons demandé à Lilian de rester un peu, car nous devions discuter avec lui. Les autres jeunes s'en vont, le co-thérapeute également. Il pense automtiquement qu'il a fait quelque chose de mal. Nous lui expliquons qu'il n'en est rien, mais que nous devons l'informer que la séance prochaine sera sa dernière séance d'art-thérapie. Nous le voyons se décomposer. Et, nous, nous sommes pris au dépourvu. Nous nous sentons de plus en plus mal à l'aise. Nous avons eu du mal à sortir de ce malaise et à nous reprendre. Nous lui avons expliqué que nous avions terminé notre stage et que nous avions été content de travailler avec lui. Ce à quoi il nous répond « ouais, cétait chouette pour moi aussi. » Nous avons pu en reparler avec l'art-thérapeute, puis avec le chef de service. Il en est ressorti que: nous aurions du plus anticiper la situation, que la présence d'un tiers ( infirmier ou cadre) aurait pu faciliter cet instant ( car il aurait pu faire une reprise lors de ce blanc après l'annonce de fin de prise en charge), que nous aurions du en parler avec l'équipe afin de mieux préparer et se préparer à cet instant difficile.



2- Le cas de Cécile:

Cécile est adressée au centre du Bois Perrin pour hyperphagie ( boulimie sans vomissements), troubles du sommeil ( cauchemards, insomnies) et idées suicidaires.

Cécile est venue à 4 séances, mais il y a eu un laps de presque trois semaines entre sa première séance et la suivante. 12

Comportement:

Elle se montre d'emblée très respectueuse du cadre et des autres. Par contre, sur scène, elle fait des improvisations très physiques qui peut aller jusqu'à malmener un peu son partenaire, d'où des quelques passages à l'acte lors de la première séance: attrape le bras du partenaire, le pousse. Lors des trois autres séances, on peut voir une évolution très nette: ses improvisations sont plus posées et lorsqu'elles deviennent plus physiques, elle ne passe plus à l'acte.

Estime de soi/Confiance en soi:

Si elle semble d'emblée très confiante et sûre d'elle, certains exercices d'improvisations nous révélerons son manque total d'estime pour elle-même. Lors du jeu de clown «  je suis... », elle nous dit qu'elle « est une poubelle, une crotte de nez, une merde »....Ceci dit, Cécile a suffisamment confiance dans le cadre art-thérapeutique pour improviser et ce malgré le regard de l'autre ou un partenaire peu agréable avec elle. Elle prend sur elle pour jouer et dépasser son manque d'estime de soi et de confiance en soi.

Recréer des liens/Relation à l'autre:

Elle cherche la communication à tout prix. Dans tous les exercices ayant pour thème « la rencontre » ou « la communication » malgré des obstacles, elle pousse la recherche de communication à l'extrême: elle abat le mur qui la sépare à coup de marteaux piqueurs, puis de burin. Un tel besoin de communiquer, d'être avec l'autre,de créer du lien laisse supposer une lourde carence à ce niveau-là.

Expression d'émotions, d'affects:

Cécile est très expressive et parvient à jouer tous les registres des émotions qu'elle vit avec tout son corps. Elle utilise aussi bien le langage corporel que le langage verbal.

Imaginaire/Création:

Elle a un imaginaire très prolifique. Elle propose des thèmes d'improvisation et les joue. Elle est très à l'aise dans l'improvisation et dans l'écriture. Elle passe de façon adaptée du champ de l'imaginaire au champ de la réalité.

Lâcher-prise/Prise de distance/Plaisir à jouer:

Dans beaucoup d'improvisations, elle a joué sa propre problématique pouvant ainsi exprimer sa colère, sa tristesse, son désarroi, et par là même prendre une distance par rapport à celle-ci. Elle exprime tout cela avec une telle force que l'on peut vraiment parler de lâche-prise. De plus, elle a exprimé à chaque fin de séance, le plaisir qu'elle a eu à jouer et écrire.

Pour conclure:

Cécile a pu déposer dans notre atelier d'art-thérapie toute la souffrance de sa situation; elle a pu l'exprimer librement avec son corps et sa voix. Il est probable qu'avec quelques séances en plus, nous aurions pu agir sur son manque de confiance et d'estime. Il est certain au vu de ses séances que le médium « expression théâtrale » était tout à fait adapté.



3- Le cas de Lucie:

Elle a été adressée au centre du Bois Perrin par sa mère et une éducatrice de l'APASE ( Association Pour l'Action Sociale et Educative) pour des troubles du sommeil, des angoisses et une déscolarisation.

13

Nous avons vu Lucie lors de trois séances qui étaient chacune espacée de trois semaines. Nous allons aborder cette prise en charge de manière différente des deux autres, car cela fût vraiment très différent de toutes les prises en charge que nous avons faites jusqu'à présent.

1ère séance:

Lors de cette première séance, Lucie a surtout ri, mais d'un rire de défense, très nerveux. Elle aura passé presque toute la séance à s'excuser, comme si sa présence devait obligatoirement nous gêner. Ce qui laisse penser qu'elle a un manque de confiance et d'estime de soi. Elle finit par accepter de jouer une improvisation, toujous entrecoupée de rires, dans laquelle est un militaire nazi. Le thème du militaire revient dans l'écriture en cadavre exquis. Elle se montrera particulièrement crue dans ses propos écrits ( viols en tout genre, tapette, jouets sexuels...).Pendant qu'elle écrit, elle nous regarde et nous dit dans un rire gêné que vraiment c'est très cru. Nous lui avons expliqué que nous n'étions pas là pour juger mais pour qu'elle puisse s'exprimer librement. En fin de séance, elle s'excuse de nouveau pour nous demander si nous serions offusquées si elle exprimait son souhait de ne pas revenir. On a l'impression que son opinion ne vaut pas assez pour ne pas être dite sans excuses préalables. Bien entendu, nous l'avons rassurée à ce sujet.

2ème séance:

Cette séance ne fût pas une séance d'art-thérapie. Cela ressemblait plutôt à un entretien infirmier. Mais toutes les séances ne sont pas forcément de l'art-thérapie. Il faut parfois du temps pour qu'une relation de confiance puisse s'installer et qu'un désir de créer s'installe. Elle ne souhaitait rien faire d'autre que parler. Nous l'avons laisser faire, car elle semblait complètement parasitée par un événement important: une audience devant le juge. Ses propos sont parfois décousus. Elle semble ne plus pouvoir penser à autre chose et semble paralysée dans tout son corps et son mental par des idées fixes qu'elle ne cesse de ressasser. Nous parvenons à détourner la discussion sur les mangas, car nous savons qu'elle a une passion pour ce type de littérature. Elle nous a parlé de ses angoisses, de ses carences affectives et semble avoir des exigences démesurées pour elle-même ( « je n'ai rien fait de brillant de ma vie »..) . Elle nous parle de ce qu'elle perçoit comme une grande perversion et veut nous inclure dans cet auto-diagnostic: « mais vous, vous savez que je suis perverse. Vous avez lu ce que j'ai écrit! ». Non, nous ne savons pas, d'ailleurs nous ne sommes pas là pour diagnostiquer ou infirmer sa « perversion ». A la fin de la séance, elle était de nouveau tendue.

Cette séance a été vraiment éprouvante. Nous avons de temps à autre tenté de saisir une occasion pour la faire entrer dans la création, masi rien n'y a fait même nos propostions de jouer à sa place et qu'elle rectifie notre jeu comme un metteur en scène. Elle avait besoin d'une écoute. Alors tant pis, si cette séance n'était pas de l'art-thérapie, elle a pu exprimer verbalement une partie des angoisses qui la tenaillaient à cet instant.

3ème séance:

Lucie ne veut pas venir à l'atelier d'art-thérapie mais elle monte avec nous tout de même. Elle dit qu'elle se sent mal, qu'elle a mal au ventre. Elle refusera toute implication dans cette séance. Elle refuse toutes les propositions de jeux et d'écriture. Ceci dit, elle est présente: elle regarde, s'intéresse à ce que font les autres jeunes. Elle rit et sourit lors des improvisations des autres adolescents. Elle les a même aidés à trouvé une solution à une problématique que nous leur avions posée.A la fin de la séance, elle nous dit, qu'elle ne va pas bien parce qu'elle reste à Antarès ce week end. Nous la regardons et nous lui répondons: « AH! D'où le mal de ventre? ». Elle est surprise et nous répond qu'elle ne fait pas semblant. Ce à quoi, nous répliquons qu'à aucun moment nous avons sous entendu qu'elle faisait semblant. 14

Encore un effet de surprise pour elle qui finit par sourire en nous saluant et en nous remerciant.

Pour conclure:

C'était vraiment une prise en charge différente: de part, l'espacement entre chaque séance (presque trois semaines entre chaque séance); par le contenu des séances et les effets de surprise que l'une d'entre elle a pu provoquer.

 

Conclusion:



Dans le contexte des prises en charge courtes à groupe ouvert, il s'est avéré important que nous puissions nous adapter rapidement aux différentes situations vécues par les adolescents afin de leur proposer des jeux ou des médias en adéquation avec leurs problématiques. Il nous est arrivé assez souvent de changer complètement le programme que nous avions préparé pour offrir une meilleure prise en charge aux adolescents dont nous nous occupions. Il est également apparu qu'il était vraiment important de pouvoir proposer des médias variés. Lors de certaines séances, nous avons privilégié l'écriture plus que l'expression théâtrale. Nous avons introduit des instruments de musique lorsqu'il nous a semblé que cela pouvait permettre à des adolescents de s'exprimer par ce biais.

La question de la temporalité est cruciale puisque nous sommes souvent amenés à ne voir les adolescents qu'une fois ou alors de mainère sporadique ( comme Lucie, par exemple ). Dans ces conditions, qu'elle est la place de l'art-thérapie? Nous tenterons de donner une réponse à cette question dans notre mémoire de fin d'étude.



Annexes:



Augusto Boal:

Il est né le 16 mars 1931 à Rio de Janeiro et est mort le 02 mai 2009. Ecrivain, dramaturge, metteur en scène, théoricien de théâtre et homme politique brésilien, il a fondé en 1956 le théâtre Arena de Sao Polo. Il développe des concepts tel que celui de spect-acteur dans un style de théâtre de rue contestataire et populaire. Il publie en 1971 « le théâtre de l'opprimé », mais il est arrêté et torturé la même année. Il est contraint à l'exil et part à Paris où il poursuit son travail. Il retourne au brésil en 1986 où il met en pratique le « théâtre forum » et le « théâtre image ». Il s'intéresse au théâtre thérapeutique et publie « l'arc-en-ciel » du désir » en 2002.




Les textes choisis de Tim Burton:



Tim Burton:

On connaît surtout Tim Burton pour ses films ( Sleepy hollow, Big Fish, Edward aux mains d'argent, Charlie et la chocolatrie ou encore Sweeney Todd..) Mais en 1997, il publie un recueil de poèmes intitulé « la triste fin de l'enfant huitre et autres histoires ». On y trouve des enfants très étranges: un enfant-robot, un enfant-tâche, l'enfant-brie ou encore la fille qui fixait, fixait, fixait.

Toutes les histoires ou presque se terminent par la mort du protagoniste. Pourtant loin d'être triste, ce livre est drôle et très touchant.

 

Bibliographie:



« Jeux pour acteurs et non acteurs », Augusto Boal.

« Le théâtre de l'opprimé », Augusto Boal.

« La triste fin de l'enfant huitre et autres histoires », Tim Burton.

« Contes à guérir, contes à grandir », Jacques Salomé.

« Cyrano de Bergerac », Edmond de Rostand.



« Du divan à la scène, dans quelle pièce je joue? », Serge Minet.

« Soigner l'adolescent en art-thérapie », Jean-Luc Sudres.

« Créativité et art-thérapie en psychiatrie », P. Moron, J-L. Sudres, G. Roux.

« Quand l'inaccessible est toile », J-P. Royol.



Www.dramaction.com

www.planetarim.com

www.xavier.claudet.free.fr/psyado.htm

www.wikipedia.fr









 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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11 juillet 2009 6 11 /07 /juillet /2009 15:31

Le 9 et 10 juillet, la compagnie "Carabosse" nous a enchanté avec un spectacle son et lumière absolument magique. Des constructions en fer, des pots de fleurs, des flammes, de la musique très zen: d'excellents musiciens et la projection hier soir du film "Heima" du groupe islandais "Seguro". Un univers magique dans lequel le badau pouvait rencontrer d'étranges mobiles faisant du vélo au son d'une guitare, plus loin d'un haut-bois ( et aussi de clarinette).
Je salue la performance de cette compagnie: Merci à eux de nous avoir offert un instant de pure bonheur pour les yeux et les oreilles!!!
J'ai pris des photos de jour, puis de nuit durant laquelle avait lieu le spectacle.
D'abord  les photos de jour:

 

 

















ET maintenant les photos prises de nuit..
                                                                                                             

                                                                                                            

                                                                                                             

 

Je vous mettrai les vidéos dans un prochain article:)

 

 

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27 juin 2009 6 27 /06 /juin /2009 18:49
Quand je me ballade à Paris, j'aime aller voir cette fontaine qui se truve juste à côté du centre Georges Pompidou. Elle a été créée par Niki de St Palle et son mari Jean Tinguely.
Je la trouve fantastique; déjà parce qu'elle est très colorée et qu'elle est faussement enfantine. De prime abord, on dirait un conte de fée revisité où les enfants pourraient trouveer leur compte..leur conte:) Mais quand on regarde de plus prêt, il y a quelque chose de sensuel qui se dégage. l'eau jaillisant du mamelon d'une nana miniature: le sein maternel mis à nu qui vient nourir la fontaine et abreuver... le promeneur assoifé???
Voici quelques photos..bonne visite!
















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8 juin 2009 1 08 /06 /juin /2009 15:21
J'ai, au final assez peu de photos de Dakar; mais j'en ai retrouvé trois alors, je me suis dit que j'allais les partager avec vous:)
Pour ma part, j'ai toujours trouvé Dakar assez moche. Il y a des villes beaucoup plus sympas au Sénégal comme Thiès ou St Louis. POur quoi Thiès? Tout simplement par ce qu'elle est beaucoup plus aérée, plus verte aussi et par voie de conséquence beaucoup plus agréable.
Quant à St Louis, Ah St Louis!!! C'est vétuste comme certains diraient..ben oui certes, mais c'est quand même magnifique sans compter qu'outre la ville, ce qu'il y a autour n'est pas mal non plus, comme la langue de Barbarie ( où il est fortement déconseillé de se baigner: sable mouvant et lames de fond...) ou le parc du Djoudj bien entendu.
Alors que Dakar!! Comment dire..c'est un fratras de  bicoques mélangées à de vieux et rares batiments coloniaux ainsi qu'avec des immeubles ressemblant à des trucs construits à l'époque soviétique...c'est pas génial...Bien sûr, le quartier des blancs, comme je l'appelle, a son lot de belles villas en bordure de mer..mais bon...c'est pas pour tout le monde. Pourtant Dakar, une fois que l'on connaît bien cette ville a de très bons à-côté et des quartiers vraiment sympas, comme la Sicap Baobab, Dieupeul, la cité HLM et son marché, le quartier de "la gueule tapée" ( c'était le srunom d'un animal, proche du vareng..)....ect...et puis il y a plein de concerts aussi: le just 4 you notamment qui reçoit des gens Youssoufa ( un chanteur de reggae), ou encore Amandla Bocs ( lui aussi reggae man génial) ou encore des groupes de jazz et de rap; les fêtes de l'océanium (les koolgraoul), mais aussi des choses moins officielles où les toubabs ne sont pas légion (et c'est tant mieux)... Bon y a aussi le Bar du CCF...qui fait des concerts chers..donc pas accessibles à tout le monde; mais qui a le mérite de faire jouer des groupes et chanteurs africains ( comme Habib Koïté, par exemple) et d'avoir une salle de cinéma dont la programmation peut de temps en temps valoir le coup. 
D'ailleurs le meilleur cinéma de la ville est tenu par un sénégalais et s'appelle le Kadjinol. Il s trouve pas loin du marché kermel en bas de la place de l'indépendance. Le concept est sympas: on ne paye pas d'entrée mais une boisson et on peut regarder des films soit dans le patio soit dans le grand salon..on peut y manger également. La programmation est toujours excellente car le propriétaire des lieux est un cinéphile averti..... 
Bien voici les quelques malheureuses photos que j'ai retrouvées:

Pour situer cette photo, il faut savoir que si vous allez vers la droite de la voiture, vous serez sur l'avenue Ponty qui mène tout droit  à la place de l'indépendance ou à l'inverse vous mène à la grande corniche , route qui longe la mer et qui mène entre autre à Ouakam.
Le petit truc en toit de taule et de couleut bleu et gris donc, est une boutique: on y trouve tout: boite de conserve, pain, boisson, beurre, cigarettes...vous pouvez tout acheter à l'unité là bas..donc si vous voulez acheter qu'un clope c'est possible et si vous ne voulez que le tiers de la baguette c'est possible aussi!!!! Le type qui tenait cette boutique était super sympas; en fait, en général, les boutiquiers sont des gens très sympasthique pour peu qu'on prenne le temps de papoter avec eux..;donc de parler certes le français mais le wolof, ça permet de créer de liens bien plus forts... (avis à tous les idiots de toubabs qui passent des années deleur vie au Sénégal sans jamais apprendre un mot de wolof..c'est un manque de respect envers les sénégalais; c'est une honte!!).  Sur la photo on voit type marchant sur le trottoir, c'est un marchand ambulant. On peut acheter des fruits, des cacahuètes, des poches d'eau ( oui, ils remplissent des petits pochons d'eau et vous les vendent pas chers..je m'en suis acheter souvent: on perce le sachet avec ses dents et on aspire l'eau tout simplement. Après certains diront que c'est crade et bla bla bla.....je ne suis jamais tombée malade à cause de ça..et puis le système tout aseptysé dans lequel on veut que nous vivions est justement ce qui nous tuera..).

 cette photo est éloquente: c'est l'intérieur d'un tacot..et encore celui-là est soft..dans certains taxis, il y a plein de photos de marabouts ou encore de stars comme Viviane ( la belle-soeur de Youssou N'Dour qui, elle aussi, chante du m'balax , mais participe parfois à des projets de rap dont la trop fameuse chanson qu'elle a chanté avec "Fou malade" sur les taximans). Souvent la musique est très forte...et souvent le tacot est dans un état épouvantable et vous vous demandez si vous allez arriver à bon port en vie...quand vous êtes une femme, qui plus est toubab, le taximan vous demandera "amna jeukeur?" ( t'as un mari?). il tâte le terrain donc..vous pouvez très bien lui répondre "wow"  ou aller plus loin dans la plaisanterie en lui disant "wow amna niari jeukeur: ben toubab ak ben sénégalais"..( oui, j'en ai deux, un toubab et un sénégalais). ça le fera rire et vous vous serez fait un pote...En fait, ne parler wolof là bas est une bêtise sans nom..ça ne peut que vous aider, ne serait-ce que dans les négociations qui seront beaucoup plus courtes et conviviales, qu'en plus les sénégalais seront contents de voir qu'on s'intéresse à eux et à leur culture...

 Nous sommes à la gare routière de Lat Dior. On voit deux cars rapides. J'adore ces véhicules très colorés!!! Les prendre est toujours une aventure hors du commun; je vous le conseille..mais faut pas être pressé...en effet, il n'y a pas d'arrêt de bus à proprement parle..donc il s'arrête là où une personne lève le bras sur le bord de la route ( il peut donc s'arrêter tous les 100 mètres..) ou quand une personne dans le car est arrivé à destination!!! Donc il est tout sauf rapide!! Mais c'est génial....
Dans la gare de Lat Dior, on peut y prendre un diaguen diaye ( petits cars blancs) ou des sept places..La plupart ne partent que lorsqu'ils sont remplis, donc il vaut mieux s'armer de patience:) ou vous pouvez , si vous avez de l'argent, acheter les places manquantes....

Voilà..un petit tout petit tour d'horizon de Dakar...
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4 juin 2009 4 04 /06 /juin /2009 13:01

 

Pour traiter du silence, nous allons nous appuyer sur un texte de Nicola Carels et du livre « le silence en psychanalyse » élaboré sous la direction de J-D. Nasio. Nous ferons également référence à D. Anzieu, Winnicott.

Nicole Carels étudie le silence selon 4 axes que nous reprendrons:1-silence et analité;2-silence et narcissisme;3-silence et créativité;4-silence du psychanalyste.

 

Silence et analité:

Rappelons d'abord ce que l'on peut entendre par analité; c'est àdire le stade anal. Dans « Vocabulaire de psychanalyse » de Laplanche et Pontalis, nous trouvons cette définition: « deuxième stade de l'évolution libidinale, selon Freud, qu'on peut aprroximativement situer entre 2 et 4 ans; il est caractérisé par une organisation de la libido sous le primat de la zone érogène anale; la relation d'objet est imprégnée de significations liées à la fonction de défécation ( expulsion-rétention) et à la valeur symbolique des fèces... » Nicole Carels souligne aussi qu'à cette phase aussi correspond aussi à la mise en place de représentationsde soi comme contenant et contenu. Bien évidemment, tout silence chez l'enfant ne peut être interprété que comme étant du domaine du pathologique. Cependant la description de ce qu'est le stade anal peut donner des pistes sur des silences de type «  rétention » ou même «de type « bavardages incessants ». On peut penser que les mots « prennent la place » des fèces et peuvent figurer les mauvais objets à expulser ou que l'on ne parvient pas à expulser ou encore ils figurent le bon objet que la personne cherche à protèger en le conservant en soi. D'ailleurs Robert Fliess dans un texte répertorié dans « le silence en psychanalyse » écrit: « L'activité de parler se substitue à l'activité des ouvertures du corps. Les mots, eux, deviennent des substituts de substances corporelles.. » Les mots qui représentent alors les fèces ont le pouvoir de détruire, d'attaquer l'autre, d'où un silence obstiné. On pourrait éventuellement voir dans le « bavardage incessant » le comble du manque, du manque de l'autre. ON peut très bien aussi considéré le « trop-parler » comme étant un manque de contenance si l'on suit l'idée que le stage anal permet les réprésentations de contenant/contenu. Dans ce paragraphe sur le silence et l'analité, Nicole Carels nous donne un exemple de prise en charge d'une patiente très silencieuse. Pour cette patiente, garder le silence, c'était pouvoir garder pour elle-même « son espace et son autonomie » face aux attaques extérieures ( notamment sa mère et sa grand-mère). Uu parallèle est fait d'ailleurs entre son silence et le fait que la grand-mère l'obligeait à manger et à déféquer dans un pot pour vérifier ce qu'elle avait en effet absorber ce qui eu pour effet qu'elle ne mangeait pas était du reste constipée. Au cours des séances, Nicole Crels s'aperçoit aussi du mal qu'a sa patiente à povoir rester silencieuse et seule en sa présence. Cela nous fait penser à la notion de « capacité à être seul » de Winnicott. Celui-ci distingue deux types de silence:

  • un état de silence où on est quand même en relation ou en communication avec soi-même et par voie de conséquence avec les autres.

  • Un silence où le sujet est coupé de lui-même avec un sentiment de vide et ce même en présence de la mère.

La capacité à être seul est un signe de bonne santé et de changement positif. La mère suffisamment bonne laisse à l'enfant la « place » nécessaire à cette capacité: alternance bien « mseurée » d'absence et de présence; rêverie maternelle. La mère laisse l'enfant jouer seul pour lui permettre de développer son imaginaire, d'être suel sans paniquer; ce qui apportera aussi à l'enfant d'avoir le sentiment d'exister.

On peut voir à la lumière de ce premier paragraphe que le silence peut être source d'angoisse de persécution, de perte de l'objet, d'attaque et de destruction de l'objet ainsi qu'une absence de contenance.

 

Silence et narcissisme:

Le silence du narcissique est une protection contre toute intrusion pouvant mettre à mal l'image idéalisée qu'il a de lui-même. Parler, dans ce cas, peut être assimilé à une hémorragie détruisant son pouvoir et le vidant complètement de sa substance. « La parole est disqualifiée en ce qu'elle est éventuellement porteuse d'un manque ou d'une demande dont la mise à jour serait une humilation intolérable ». Et plus loin, « L'indicible et l'irreprésentabe sont hautement valorisés et permettent de laisser caché un lien archaïque avec la mère, d'autant plus puissant que non dit et non représenté. Le silence devient alors le garant de l'immobilité (...) en dehors de tout mouvement vécu comme persécuteur. » Se pose bien évidemment le problème de la méthode psychanalytique en ce sens qu'elle demande à parler; c'est par ailleurs la question que s'est posé Smirnoff en 1976. Il faudrait donc avec ce type de patients penser la thérapie sur un autre mode et c'est tout naturellement que l'on pense à l'art-thérapie. En effet, là où la parole peut être considérée comme dangereuse, comme accompagnatrice du vide voire du « vidage », l'art-thérapie propose une toute autre médiation que la parole, comme la peinture, le collage, la sculpture. Mais même lors d'une théâtrothérapie, cette parole qui est dosée très justement avec le silence vient permettre une symbolisation qui « permet à l'absence, vécue comme vide, silence de mort, de devenir habitée. » il ne s'agit pas de briser ce silence qui n'est somme toute qu'une défense à une intrusion de l'autre ou plutôt des voix de l'autre, mais bien plutôt de préserver ces moments de silence qui sont autant d'assises « primordiales du Moi et du narcissime ».

Cette façon de concevoir le silence du narcissique peut aussi nous orienter sur les problèmes engendrés par une défaillance de l'enveloppe sonore, concept développé par Didier Anzieu dans « le Moi-peau ». « Parallèlement à l'établissement des frontières et des limites du Moi comme interface bidimmensionnelle étayée sur les sensations tactiles, se constitue le Soi par introjection de l'univers sonore.....les sensations auditives préparent le Soi à se structurer en prenant compte de la troisième dimension de l'espace ( orientation, distance) et de la dimension temporelle. » Anzieu donne à cette enveloppe sonore ( auditivo-phonique) une fonction de symbolisation. Le bain sonore précède la regard et celui-ci met en place un miroir sonore que l'enfant va utiliser avec le cri, les gazouillis puis les jeux phoniques. Par ailleurs, Didier Anzieu met l'accent sur le fait q'un dysfonctionnement du miroir-sonore peut engendrer dans les cas les plus sévères une schizophrénie. Si le dysfonctionnement provenant du « brouillage par la mère de la pensée logique de l'enfant par l'injonstion paradoxale et par la disqualification des énoncés émis par l'enfant sur lui-même » est de nature moins sévère, cela développerait des personnalités narcissiques. Il peut y avoir des problèmes de contenance et de contenu. L'exemple que nous donne Nicole Carels est très intéressant à ce niveau: une fillette de 8 ans n'ayant aucune limite et incapable d'être seule; d'un côté une mère laissant tout passer, de l'autre un père qui règle tout « à la baguette ». Le cadre a du être très strictement fixé par N. Carels ce qui a permis à la fillette de structurer et de reprendre confiance en elle, de retrouver une certaine estime d'elle-même également. La fillette a pu aussi révéler un secret qui pour être reconnu comme secret qu'elle doit garder pour elle a pu être vidé de l'importance de son contenu. «  Plus que le contenu du secret , c'est le fait de le détenir qui est en jeu chez cette fillette, pour mesurer son pouvoir sur l'autre, mais surtout pour garder intègre en elle cette part constituante de soi,ce qui permet d'en préciser les limites et d'en renforcer la cohérence. »

 

Silence et créativité:

Dans ce paragraphe, Nicole Carels considère le silence comme « espace potentiel de création et agent de créativité ». Ce que confirme Winnicott avec son concept de « capacité à être seul » dont nous avons parlé plus haut. Dans « Créativité et art-thérapie en psychiatrie », les auteurs donnent une valeur de créativité au silence mais aussi de communication et de développement du jeu des indentifications : «  le silence ou plutôt les silences, permettent à l'enfant comme à son thérapeute d'aller d'une pensée à l'autre, d'un dessin à l'autre, d'un autre à un autre, et donc par le jeu des identifications, l'enfant continue de se construire. » On retrouve ici la capacité de la mère suffisamment bonne de laisser son enfant jouer seul. Dans nos ateliers d'art-thérapie nous laisson le patient s'exprimer librement; mais cette liberté inclut également la liberté de se taire, comprenant que le silence n'est pas absence de communication. Dans les textes «  ma reconnaissance à Sophie Morgenstern » de Françoise Dolto et « un cas de mutisme psychogène » de Sophie Morgenstern, nous pouvons toute la valeur du silence dans la thérapie. En effet, Sophie Moregenstern, ne brisant pas le silence, gardant le silence dans un écoute attentive du silence de l'autre, laisse l'enfant s'exprimer par le dessin . La parole viendra plus tard. Le silence à ce moment fait acte. «  Créer chez l'enfant en particulier, permet de faire surgir une parole, et le silence a parfois cette valeur qui permet à l'acte de surgir.. » ( Créativité et art-thérapie en psychiatrie.). Ou encore «  Ecouter les interstices, c'est permettre à l'enfant de créer en trouvant et non de faire pour faire ». Les conflits inconscients, que ce soit la castration ou l'oedipe, ne peuvent parfois pas s'exprimer par la parole ( la langue coupée dont parle Sophie Morgenstern par exemple) mais plutôt d'une façon plus symbolique comme le dessin. Ne pas laisser la liberté de garder le silence, de garder pour soi ses pensées et donc de penser menace l'existence du Je. C'est ce que montre aussi un des exemples de Nicole Carels où une mère par trop intrusive, ne veut pas que sa fille n'ait de secrets pour elle à condition seulement de ne pas lui parler de ses souffrances. L'autre est exclu du discours, on ne lui donne pas le droit de penser ni le droit de s'expimer. Voilà ce qu'écrit Piera Aulagnier: «  S'il est vrai que (..) la possibilité de fanstasmer présuppose celle de garder secrètes ses pensées, la perte du droit au secret comporterait, à côté d'un « trop » à refouler, un « en moins » à penser: deux éventualités qui risquent de rendre tout aussi impossible l'activité de penser, et par là, l'existence du Je ». Le silence est donc un espace où la liberté psychique peut se développer ainsi que la créativité.

 

Le silence du psychanalyste; la relation thérapeutique:

Nicole carels commence par souligner l'importance aussi bien du silence que de la parole dans la relation thérapeutique et ce pour les deux parties anlyste/analysant. Le silence du thérapeute est alors à considérer comme le creuset de l'écoute flottante, de l'association libre: ce n'est pas le désert de parole, bien au contraire: la parole et le silence de l'autre s'y inscrivent. Viderman dit «  le silence n'a de sens ni de valeur que si l'on en sort ». dans le sens où l'interprétation vient apporter un nouveau sens au discours de l'analysant. Dans la relation thérapeutique, dans le silence, le thérapeute et l'analysant font l'expérience du non-savoir, de l'ignorance, de la parole tue, pas encore prononcée mais à venir. Il y a du corps aussi dans dans la cure analytique, tout comme dans l'atelier d'art-thérapie. « Que l'analyste parle ou se taise, son corps répond toujours. Le silence de sl'analyste convoque un Sujet Supposé Sacoir que l'analysant va rencontrer à toutes les places imaginaires; c'est la mise en place du transfert....Pourtant ce que l'analyste ne sait pas, son corps dans son éprouvé témoigne qu'il n'est pas sans savoir. » ( Liliane Zolty, le psychanalyste à l'écoute du silence.). L'analysant se sépare d'une partie de son corps, de l'objet intérieur pour le « déposer » dans le corps de l'analyste. Et c'est dans ce « dialogue silencieux » que l'analyste va pouvoir énoncer une parole vraie pour les deux parties. Sans oublier que dans ce silence partagé, les deux inconscients se rejoignent, créant le transfert, le contre-transfert, des identifications. Nous sommes bien dans la communication qui se fait dans le creux du silence lui-même chargé «  de tensions pulsionnelles ».

Comme le dit très bien A. Green: «  silence de quel analyste, derrière quel analysant, à quelle séance et à quelle phase de l'analyse? »Il est certain que les scansions de silence/interprétation dépendent également du patient qui est en cure: comme nous l'avons vu plus haut est-il vraiment adéquat de « faire parler » le narcissique alors que l'on garde le silence? Tout individu ne peut supporter le silence ni même son propre silence. Il convient donc en psychanalyse tout comme en art-thérapie de doser la parole, le silence, de ne pas s'enfermer dans une « technique «  qui peut se montrer sclérosante.

 

Conclusions:

Le silence, comme nous l'avons vu, est aussi communication. Il y a bien entendu d'autres valeurs du silence que nous n'avons pas énoncées telles celles de l'ennui, de l'inquiétude ou du désespoir, car tel n'était pas notre propos. Néanmoins, nous souhaitons dans cette conclusion insister sur le fait que le silence est toujous lié à la parole, au cri également ( comme le démontre Didier Anzieu dans « Le Moi-peau »). D'ailleurs le cri, pour Lacan, fait trou et fait donc le parallèle entre voix/silence et objet a, objet cause du désir. Puisque silence et parole sont indissociables, l'appareil ou plutôt l'objet permettant cette parole, la voix est à classer, selon Lacan, dans les objest cause du désir.

Du côté de l'analyste, le silence permet l'association libre, la rêverie, favorise « le déploiement des affects, des représentations ».

Du côté de l'analysant, le silence peut avoir valeur de créativité, de re-découverte de la liberté de penser, de la perlaboration mais aussi de résistance, de défense, d'immobilisme.

 

Stéphanie Carvalho

4ème année, cursus par correspondance.

 

Www.revue.psychanalyse.be/50e.html

Le Moi-Peau, Didier Anzieu.

Le silence en psychanalyse, sous la direction de J-D. Nasio.

Jeu et réalité, D.W. Winnicott.

Créativité et art-thérapie en psychiatrie, P. Moron, J.L. Sudres, G. Roux.

 

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12 mai 2009 2 12 /05 /mai /2009 15:36
 

Journal de bord:

La surprise.

 

Pour travailler ce sujet, nous nous sommes appuyés sur le livre de Daniel Marcelli, « La surprise, chatouille de l'âme ». Nous ne reprendrons pas l'ordre de son livre. Nous préférons l'aborder directement en lien avec les idées de Winnicott ( en lien également avec Lacan et Anzieu) , puis nous prendrons en compte la notion du temps, ensuite nous l'articulerons autour de l'analyse psychanalytique et de l'art-thérapie, en particulier en rapport avec les ateliers d'expressions théâtrales que nous menons actuellement au Bois Perrin.

 

Les jeux: Winnicott:

Daniel Marcelli nous parle avant tout des jeux de chatouilles, de surprise ( la petite bête qui monte qui monte) qui représentent tout à fait le type de jeux interactifs auxquels s'adonnent la plupart des mères avec leur enfant.

Parlons du jeu de la bobine décrit par Freud: dans celui-ci nulle surprise, le « fort-da » est immuable et il est là en tant que symbolisant le manque et la présence de la mère. Nous sommes là dans un jeu qui est fait pour maîtriser la situation d'absence à laquelle l'enfant doit faire face. Jeu qui se joue seul...Si par contre, nous prenons pour exemple le jeu de la spatule de Winnicott, il en est tout autrement: il s'agit bien là d'un jeu de suprise sur « fond de présences »: « ...Chez un plus jeune enfant installé sur les genoux de sa mère. L'enfant lance gaiement une spatule et se réjouit de voir sa mère la lui rendre, pour la relancer aussitôt: mère et enfant se regardent, regardent la spatule ( objet-tiers) et se surprennent parfois d'un sourire quand l'un ne fait pas ce que l'autre attend. »

Rappelons que pour Winnicott, le jeu est au centre de la créativité, mais pas seulement par le jeu, l'enfant va éprouver ses limites corporels; vont aussi s'élaborer le Soi et Non-Soi. Le jeu est un acte spontané et en cela il échappe à l'emprise. La surprise est le ressort essentiel du jeu; d'ailleurs selon Winnicott, celle-ci « préside à sa valeur créatrice ». Et nous pouvons même en conclure que la surprise provient du Réel lacanien qui est lui-même le creuset de la créativité.En effet, dans le jeu s'ouvre l'espace potentiel, l'espace même de la créativité. Cette aire intermédiaire n'est ni dehors ni dedans; celle-ci est au départ une aire commune à la mère et à l'enfant qui jouent ensemble; puis avec l'objet transitionnel, l'enfant prend plus d'autonomie au sein de cette aire intermédiaire. L'objet transitionnel est l'objet, choisi par l'enfant, qui lui permet de pallier l'absence de la mère qui doit accepter de laisser son enfant seul. Ceci est important, car dans les jeux de surprises, ce n'est pas le manque qui est en jeu c'est le manquement: la mère pouvant faire défaut dans le sens où elle n'est pas là où l'enfant l'attend mais juste à côté. Ces jeux de surprise permettent non seulement la différenciation Soi/Non-Soi, mais aussi de « défusionner » la relation mère enfant, de se défaire de l'emprise. Daniel Marcelli, à ce sujet, dit: « quand la mère surprend et trompe son enfant, elle lui dévoile un coin de sa jouissance et elle prend le risque de voir un tiers s'installer entre eux, mais c'est ce tiers qui les libérera de la symbiose et de l'emprise . » Ce tiers, c'est l'autre de la mère, celui auquel elle pense en regardant son bébé, celui-ci n'en étant que l'incomplète reproduction.

Accepter la surprise, c'est accepter la rencontre; toute rencontre est source de surprise. On peut donc dire que la surprise est au coeur de toutes relations humaines. Lacan va plus loin: « ce qui est foncièrement en jeu dans la surprise, c'est la rencontre avec la castration. » En effet, puisque la mère, dans ces jeux, introduit le manquement ( la mère faisant défaut), la castration est alors elle aussi présente; les manquements de la mère seront autant de castrations que l'enfant pourra supporter grâce aux effets de la surprise. On peut penser que cela peut être très angoissant pour l'enfant. Cependant, il ne faut pas oublier que la mère après avoir créé la surprise, rit avec son bébé puis le prend dans ses bras et l'embrasse: ceci donnant à l'enfant le sentiment de sécurité dont il a besoin et permettant une réduction de l'excitation. «  La surprise est la matrice de la capacité à tolérer la frsutration au plan pulsionnel et à tolérer l'incertitude au plan cognitif. »

Daniel Marcelli dégage trois types de comportement face à l'irruption de la surprise:

« - Ceux qui veulent combler l'écart en le remplaçant par un souvenir, une théorie connue. Ils préfèrent voir le même plustôt que la différence....Ils chassent la surprise pour mieux l'éliminer.

  • Ceux qui creusent l'écart comme on fouille un chantier archéologique à la recherche de l'inconnu, du différent....Ils chassent la surprise pour mieux l'attraper.

  • Ceux qui, toujours insatisfaits, vont de l'un à l'autre, font le va-et-vient: rassurés par la similitude mais pas comblés, attirés par la divergence mais pas dupes....Ils aiment la chasse mais savent qu'on attrape plus souvent des chimères que du gibier.. »

Autre chose, si ces jeux participent à l'élaboration des limites de l'enfant, les sons proférés par la mère alors qu'elle chatouille ou qu'elle fait sauter son enfant sur ses genoux, permettent aussi à l'enveloppe sonore de se développer et par là même au renforcement du Moi-peau.

Le fait que ces jeux introduisent un écart entre soi et l'autre permet le développement de la communication bien sûr, mais aussi la capacité de se mettre à la place d'autrui, de lui attribuer des pensées, des intentions et d'inventer un dialogue imaginaire ( théorie de l'esprit): et là nous parlons des jeux de « faire-semblant » ou « comme si ».

 

La surprise et le temps:

l'auteur nous dit: «  il n' y a pas de surprise sans investissement au temps, à la temporalité. Plus que cela, la surprise ouvrirait la boucel de temps circulaire pour livrer le sujet à la douloureuse perception du temps linéaire. »

Avant de parler du temps circulaire et du temps linéaire, nous allons suivre D. Marcelli sur le chemin du rythme. Les jeux interactifs maman/bébé introduisent le rythme; sans la surprise, celui-ci ne serait pas! Il fait le lien entre continuité et rupture, entre ce qu'il y avait avant, ce qu'il y a maintenant. Le rythme est attente, rupture, coupure avec une habitude. Le rythme s'inscrit dans le langage et lui donne sens. Notons comme le dit D. Marcelli que « ce n'est pas l'absence mais sur l'alternance de présence et d'absence que les prémisses de la pensée peuvent s'étayer. L'alternance crée les conditions d'une attente qui nécessite une présence préalable ». Par le jeu et le manquement ( la mère suffisamment bonne de Winnicott donc), la mère introduit, l'attente, l'alternance et par là même une poncutation à l'écoulement du temps. En effet, l'enfant, par les attentions apportées par la mère suffisamment bonne, est aux prises avec le temps circulaire: temps de la répétition, sécurisant et stable. La surprise va ouvrir cette circularité du temps pour inscrire l'enfant dans le temps linéaire. Elle va ébrécher le cercle des habitudes et de la répétition pour ouvrir sur l'incertitude; mais comme nous savons que pas de surprise sans un autre qui fait intrusion et c'est autre intrusif qui va par la biais de la surprise ouvrir au temps circulaire. Ceci va renforcer la capacité d'attention et plus tard d'apprentissage de l'enfant, mais pas seulement. Il va aussi lui permettre de développer sa capacité d'anticipation. Anticipation qui est d'abord présente chez la mère lorsqu'elle apporte ses soins au bébé, puis chez celui-ci. « Quoi qu'il en soit, les deux points à partir desquels l'activité de penser symbolique peut se développer sont, d'une part, la répétition et la régularité des expériences ( temps circulaire), d'autre part, la capacité très précoce du bébé à anticiper l'avenir immédiat.. » C'est dans les jeux de surprise avec la mère que cette anticipation va pouvoir le mieux se développer. En effet, l'attente de l'évènement va être ce qui excitera le plus l'enfant au fur et à mesure de l'élaboration de ces jeux. L'enfant, durant cette attente, va tenter de trouver des indices de cet événement dans son environnement.

 

La surprise dans nos ateliers:

Dans le cabinet du psychanalyste ou dans nos ateliers d'art-thérapie, le cadre, c'est à dire le jour, les heures, les règles, reprend les conditions archaïques du temps circulaire, temps sécurisant et stable. Mais la surprise n'en est pas pour autant absente. Que ce soit le psychanalyste ou l'art-thérapeute qui soit surpris ou le patient d'ailleurs. Ces moments de surprise vont donner un rythme aux consultations ou aux ateliers d'art-thérapie. La surprise est rencontre et toute rencontre est surprise. ET qu'est-ce qu'une analyse ou la participation à un atelier d'art-thérapie si ce n'est une rencontre? Reik écrit: « je qualifie de surprenant un fait qu'on a inconsciemment attendu et que l'on rencontre à un moment inattendu ou dans des circonstances inattendues. » Plus loin, «  pour que la surprise advienne, le sujet doit renoncer à la maîtrise de soi. » Dans nos ateliers d'art-thérapie, dont les médias utilisés sont les expressions théâtrales et l'écriture par le cadavre exquis , la surprise survient de temps en temps. Tout comme dans le squiggle de Winnicott, au cours duquel une forme se dessine subitement en rapport avec la problématique du sujet, lorsque nous élaborons nos cadavres exquis, il est arrivé que des enfant y expriment des points ou des morceaux de leur problématique. D'autant qu'avec le cadavre exquis, la surprise est toujours présente: nous n'avons nul part où nous raccrocher puisqu'on ne sait pas ce que le précédent a écrit ni ce que le suivant pourra écrire. La surprise survient surtout au moment de la lecture du texte ainsi écrit; texte qui est rencontre d'imaginaires différents, des inconscients de chaque participant. On n'a pas de maîtrise de ce qui sera écrit dans le cadavre exquis, or comme il a été dit plus ahut «  pour que la surprise adviennes, le sujetdoit renoncer à la maîtrise de soi ». Le cadavre exquis induit l'attente: l'attente d'écrire, l'attente de la découverte de ce texte saugrenu. On tente d'anticiper ce que l'autre a bien pu écrire, mais c'est peine perdue: la surprise est au rendez-vous.

Que dire de la surprise lors des improvisations? « Improvvisare » en italien vient de « improvviso » qui signifie « qui arrive de manière inattendue ». Si l'acteur accepte de se laisser-aller, il pourra réellement improviser, c'est à dire aller à la rencontre de l'inattendu, de la surprise; surprise du geste, du mot, du mouvement ou encore de l'émotion. Et nous ne parlons pas que de l'inattendu de soi-même mais aussi l'inattendu de la rencontre avec l'autre acteur. Dans l'improvisation en duo par exemple, les deux imaginaires se rejoignent, se nourissent l'un de l'autre et construisent ensembke une histoire qui avance au gré des rebondissements inattendus de la parole proférée ou du geste fait. On ne sait pas ce que l'autre va dire ou faire et du coup on ne sait pas exactement ce que nous allons dire ou faire. C'est toute la magie de la rencontre dans l'improvisation. L'art-thérapeute lui aussi peut être surpris. Nous nous rappelons une fin de séance durant laquelle L. n'avait été que spectatrice. Elle se plaignait de maux de ventre. Alors qu'elle se lève pour partir elle me dit que son week end ne sera pas bon parce qu'elle ne va pas chez ses parents. Quelle ne fût notre surprise de nous entendre dire «  d'où les maus de ventre? » La jeune fille aussi a été surprise par cette phrase et a voulu se défendre en disant qu'elle ne faisait pas semblant. Ce à quoi nous avons répondu que nous n'avions pas songé à cela. L. est repartie en souriant et nous remerciant de cette fin de séance. Ce partage n'aurait probablement pas eu lieu si cet inattendu n'était pas survenu. On peut voir la surprise « comme fondatrice de la rencontre entre la clinique et le patient. » D; Marcelli nous dit que cet instant de surprise peut être bénéfique au patient que si on ne le théorise pas. Se cacher derrière sa théorie, c'est refuser de se laisser surprendre , de se surprendre soi-même et refuser dans la même foulée la rencontre avec l'autre.

Puisque nous sommes, nous mêmes, confrontés à la création, nous sommes à même d'accueillir l'inattendu. En effet, prenons l'exemple de la peinture, lorsque nous peignons, malgré une idée de départ, nous pouvons être surpris par le résultat de notre production. Que de fois, là assis devant notre chevalet, n'avons-nous pas été surpris de de tableau fini et qui n'a pas grand-chose à voir avec l'idée que nous avions au départ? Car toute création est rencontre possible avec l'inattendu, puisqu'au moment de créer, les barrières tombent, le temps semble être suspendu, on ne sait plus très bien où l'on est et à notre « éveil », nous voici étonnée par notre création.

Comme nous avons pu le voir, la surprise est essentielle dans le développement de l'enfant, en ceci qu'elle permet la différenciation Soi/Non-Soi, la pensée symbolique, le passage du temps circulaire au temps linéaire... Elle est par ailleurs très présente dans nos ateliers d'art-thérapie et nous permettent d'aller à la rencontre du patient au sein d'une alliance thérapeutique. Laisser entrer la surprise dans nos ateliers, c'est recréer les conditions ddes jeux interactifs maman/bébé.

 

Stéphanie Carvalho.

4ème année, cursus par correspondance.

 

« La surprise, chatouille de l'âme », Daniel Marcelli.

« Du divan à la scène, dans quelle pièce je joue », Serge J. Minet.

« Le Moi-Peau », Didier Anzieu.

Www.champlacanienfrance.net.

 

 

 

 

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25 avril 2009 6 25 /04 /avril /2009 15:09

Revenons donc au Sénégal. J'ai retrouvé voilà peu des photos de cette douce époque. La semaine avant mon premier Noël dans le pays de la Téranga, je l'ai passée sur l'île de Fadiouth avec mon meilleur ami, Richard. C'est une île minuscule ( disons qu'on peut en faire le tour en un quart d'heure) entièrement faite de coquillage. On y arrive par Joal ( haut lieu touristique tout à fait détestable et crade; d'ailleurs les fameux touristes ne prennent pas le temps d'aller à le rencontre des insulaires: ils font leur petit tour et puis s'en vont....). L'ethnie y habitant est sérère; ils sont à 99% catholiques. Mais, puisque le peuple sénégalais brille par son oecuménisme, il y a une église et une mosquée sur l'île. Les insulaires sont fort sympathiques. On y a passé une semaine mémorable et je les salue en passant:)

C'est ce qu'on voit depuis le continent: le ponton mène au cimetière de l'île ( lui aussi, c'est que du coquillage). L'île en elle-même ne se voit pas sur la photo (elle est beaucoup plus sur la droite). Soit dit en passant, il est peu recommandé de se ballader sur ce ponton à la tombée du jour: il semble que les Djinns et autres Sheitans s'y donnent rendez-vous et pourraient vous jeter un sort.


voici une des ruelles de Fadiouth. S'y promener appelle au rêve. Souvent au détour d'une de ces ruelles, on tombe sur une cour d'une concession et les gens vous offrent à boire et reste à discuter avec vous.




























c'est le nom du campement où nous avons dormi. Le patron est super...par contre il ne faut pas s'attendre à du luxe. C'est assez spartiate, mais l'ambiance y est géniale et on peut passer des heures dans la salle à manger à rêvasser en regardant le paysage.
























Nous prenons le petit déjeuner dans la petite salle à manger avec Richard.





























Voici les étendoirs de Fadiouth (on y fait sècher entre autre le poisson). Et oui dessous, ce sont bien des ânes qui prennent l'ombre!!












Là c'est le cimetière de Fadiouth...avec ses baobabs..













Là on est juste derrière le cimetierre. On y trouve de magnifique spécimen de baobabs comme clui-ci où nous avons l'air tout petit....
ON tire du baobab le pain de singe avec lequel on fait un jus, que les sénagalais nomment le jus de bouille: excellent contre la diarrhée et plein de vitamines.











J'aime bien cette photo: on y voit un un pêcheur sur une pirogue et puis sur la grève, une femme qui fait sa lessive..elle respire le tranquilité cette photo...

J'aime ces paysages de savanes, de terres arides d'autant que quelques mois plus tard on peut les revoir tout couvert de verdure lors de la mousson...






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2 avril 2009 4 02 /04 /avril /2009 19:16
 

Journal de bord: compte-rendu des séances d'art-thérapie au Bois Perrin:


Nous sommes maintenant à mi-parcours de notre deuxième stage en art-thérapie au centre du Bois Perrin. Nous avons dû parfois ne faire des séances ne reposant que sur l'écriture au vu des résistances et difficultés de certains jeunes à « monter sur la scène ». Le regard de l'autre et leur mésestime de soi et de leur corps les rendant trop fragile pour une séance axée sur le théâtre. Nous avons pu également éprouver notre technique aussi bien avec des groupes qu'en individuel. Nous avons eu connu aussi une séance qui ne fût pas de l'art-thérapie, mais qui ressemblait plutôt à un entretien infirmier.


1ère séance:

Nous retrouvons L. qui viendra seule ce jour-là en séance d'art-thérapie. Je suis accompagnée d'une infirmière-stagiaire. Dès le départ, L. ne souhaite pas venir, mais après discussion accepte de monter à l'atelier. Par contre, elle ne veut rien faire. Quelque soit la proposition que je lui fasse, elle refuse tout en bloque. Elle est particulièrement perturbée ce jour-là. Elle ne parle que de l'audience du mardi d'après au cours de laquelle sera décidé si elle partira en famille d'accueil ou en foyer. Elle est complètement parasitée et cela tourne complètement à l'obsession ( j'apprendrais plus tard que chaque événement a cet effet sur elle). Elle nous parle donc de sa famille et de son audience: de ce qu'elle pourrait dire au juge, de ce qu'elle souhaite, de ce qu'elle ressent. Je luis propose de jouer cette audience mais elle refuse. Je n'insiste pas. Je réussis à lui faire parler des mangas, ce qui a pour effet immédiat de la calmer, de la détendre et de la faire sourire et rire. Elle nous raconte qu'elle écrit des mangas ( en fait, elle reprend des scénarios déjà existants et les réécrit à sa manière). Je lui propose alors que nous écrivions tous ensemble un manga: elle refuse. Je lui demande si elle souhaite l'écrire seule: elle refuse également. Elle ne veut que parler et qu'on l'écoute. Elle revient alors sur une séance d'art-thérapie à laquelle elle avait participer et me dit « vous savez, vous, que je suis une perverse ». Intérieurement je suis surprise mais n'en laisse rien paraître et je lui répond « non, je ne sais pas . Pourquoi devrais-je le savoir? » Et là elle me reparle de notre écrit en cadavre exquis dans lequel elle avait beaucoup parlé de viols, de guerres, de violences...et elle ajoute qu'elle réécrit les mangas de la même manière et qu'elle les diffuse sur un blog. Je la laisse poursuivre ( j'ai le sentiment d'avoir échappé à quelque chose, que si j'étais entrée dans cette connivence qu'elle attendait de moi, les choses se seraient peut être corsées) et nous dit qu'elle n'est pas intelligente car elle est là, qu'elle n'a pas réussi à contrôler ses angoisses. Je remarque alors qu'elle est très exigente envers elle-même, car elle nous dit « je n'ai rien fait de brillant dans ma vie ». je suis interloquée , mais ne montre rien de tout cela et je me dis qu'elle doit avoir un isntance surmoïque assez tyrannique pour en arriver à de telles pensées mais je ne dis rien. Je la laisse continuer à se déverser sur nous, car c'est bien de cela dont il s'agit: nous sommes deux vases dans lequel elle déverse tout.

Conclusions de la séance: certes, ce n'étais pas une séance d'art-thérapie mais parfois il faut en passer par là avant que quelque chose n'advienne. Dans l'état obsessionnel dans lequel elle se trouvait ce jour-là rien n'était possible de faire si ce n'était de l'écouter. C'est ce que nous avons fait tout simplement et avec bienveillance.


2ème séance:

Il était prévu au départ q'une jeune fille, M.L., vienne à l'atelier, seule. Mais à la demande d'un infrimier j'ai accepté un jeune homme,M.

M.Lest une jeune fille ayant un problème de surpoids, avec une tendance au passage à l'acte et ne vivant pas forcément bien son homosexualité.

  1. est une jeune homme qui présenterait des troubles autistiques.

Lors de cette séance, l'expression théâtrale s'est révélée être inadaptée aux deux jeunes au du moins à M.L. En effet, nous avons pu faire les trois exercices: images avec des chaises, la marionnette à fil et mimer un personnage. M.L., après l'exercice du mime se met à pleurer et finit par exprimer son mal-être et malaise à être sous le regard de l'autre. Il est fort probable que ce soit dû à l'image du corps. Nous lui proposons alors de passer à l'écriture. Ce qu'elle accepte avec soulagement. Le thème est « le rien ». Première phrase écrite par M.L.: « le rien forme un vide »; puis « rien vouloir sauf rentrer » ou encore « rien dire ». Cela interroge: le vide laissé par l'absence de la mère? Ne rien dire par rapport à son homosexualité? ( ce qui est une de ses problématiques dans sa nouvelle école d'ailleurs me dira-t-on plus tard).

Quant à M., il est dès le départ mis en échec car il ne comprend pas les consignes, même, simples, ce qui laisse penser qu'il souffre d'une carence cognitive. Il s'enferme donc derrière une épaisse carapace d'où ne sortent que les prhases  « je m'en fous », «  je sais pas, « rien ». Il a des problèmes d'abstractions et probablement de symbolisation. Même si son regard est fuyant, il reste en relation avec les thérapeutes et se montre même sensible à l'humour ( surtout quand je propose de choisir comme thème celui de prédiclection de M.: le rien. Là il me regarde et sourit en baissant la tête). Au final, en le faisant rire, il quitte la séance avec le sourire aux lèvres.

Conclusions de la séance: Il me semble que cette séance montre à quel point, nous devons, en tant qu'art-thérapeute, avoir plusieurs médias qui nous permettent de nous adapter au mieux aux évènements et aux patients que nous accueillons dans nos ateliers. L'écriture, du fait qu'elle ne met pas en danger le corps, qu'elle n'est pas non plus « se montrer aux yeux de l'autre » a permis à M.L. de prendre de la distance et de prendre du plaisir. Quant à M., il me semble que si nous avions eu à continuer les séances d'art-thérapie, il nous aurait fallu plus les axer sur les arts plastiques afin qu'il puisse s'exprimer .


3ème séance:

Nous retrouvons M.L . Une autre jeune filleM. vient également. Celleci- souffre de TOC. M.L. Nest pas vraiment rassurée et c'est avec appréhension qu'elle vient à la séance d'art-thérapie. Je la rassure en lui disant que la séance sera principalement axée sur l'écriture. J'ai commencé cependant la séance par dex jeux oraux afin de stimuler leur imagination: « lancé de mots » ( par exemple la première personne dit «  arbre », le second doit lancer le premier mot qui lui vient à l'esprit en association avec le premier mot qui a été lancé), puis rythmique avec une phrase ( la première personne énonce une phrase et la personne suivant doit commencer sa phrase avec le dernier mot de la phrase précédente). M.L. s'y est beaucoup amusée et s'est même adonnée à la taquinerie. M., quant à elle, a eu besoin de stimulation, mais ce qui fût remarquable c'est qu'elle n'eut presque aucune manifestation de TOC au cours de ces deux exercices.Puis nous sommes passés à l'écriture. Le choix du thème fût les vampires et les sorcières; le titre trouvé fût particulièrement intéressant, d'autant qu'il fût une mise en commun des deux imaginaires des jeunes filles: « des dents et des balais ». M.L. a été capable de partir d'une idée déjà existante ( dans le sens où elle utilise certaines références à des livres ou des séries) pour aller vers des choses plus abstraites et plus imaginatives. Elle est très en relation avec les thérapeutes et est complètement détendue: tout au long de l'écriture ce texte, elle sourit,se montre espliègle et indulgente anvers M.. Elle s'est dit satisfaite du texte que nous avons écrit ensemble et de sa séance.

  1. a eu un peu plus de difficulté dans l'écriture mais si on stimule son imagination, elle parvient à écrire des choses vraiment inéressantes. Par contre, du fait de la difficulté qu'elle en a éprouvé et de l'attente, les TOC se sont manifestés, mais d'après l'infirmière stagiaire présente ce jour-là beaucoup moins qu'habituellement.

Conclusions de la séance: Avec l'écriture, M.L. se montre détendue et souriante. Il y a donc prise de distance, prise de plaisir et je pourrais même dire lâcher-prise dans le sens où le hasard qu'engendre le cadavre exquis l'amuse d'autant plus. M. a pu, elle aussi, prendre da la distance au vu du peu de manifestations de ses TOC habituels. Elle a un besoin constant d'être réassurée et d'être revalorisée.


4ème séance et 5ème séance:

Lors de ces deux séances, nous avions un jeune garçon, seul, prénommé N. Lors de la première séance avec lui, j'étais accompagnée par une infirmière stagiaire, alors que dans la deuxième séance j'étais seule avec lui.

Nous avons commencé par le jeu «  la tour de contrôle »: un des protagnistes est aveugle et est un pilote dans son avion; l'autre est la tour de contrôle et doit, à travers un parcours où se trouve des obstacles et des perturbations ( qui n'est autre q'un autre protagoniste qui ferra tourné sur lui-même le pilote et l'orientera dans une direction), guider le pilote jusqu'à lui en prenant garde qu'il ne touche aucun obstacle ni qu'il ne s'approche d'une zone de perturbation. Dans ce jeu, N. s'amuse à faire se cogner le pilote, à le faire entrer les zones de perturbations. Il ne respecte donc ni la consigne ni son partenaire. Il semble d'ailleurs prendre beaucoup de plaisir à « contrôler » son partenaire, à le malmener. Puis lors des improvisations en cascades ( où chacun d'entre nous doit prendre un personnage différent et entrer en interaction avec l'autre), il tente de défier son partenaire mais n'est pas dans le contrôle de l'autre. Il a besoin qu'on le stimule un peu pour accèder à son imaginaire mais une fois fait, il parle aussi bien avec son corps qu'avec sa voix et est vite à l'aise dans les rôles. Lors de l'écriture s'est montré entousiaste et créatif.

Lors de la deuxième séance, je suis seule avec lui. Nous faisons ensemble le jeu du miroir simple, du miroir opposé et l'hypnose colombienne. Or pedant ces trois exercices, il s'est ingénié à ne pas prendre soin de son partenaire. Il voulait le contrôler, lui faire mal, le rabaisser, le pièger tout en lançant «  je t'aurai! ». Je lui rappelle qu'il ne s'agit pas d'une compétition et lui énonce de nouveau les règles de l'atelier. Il se reprend et tente de se montrer plus attentif aux règles et à son partenaire.

Je lui propose le jeu des contraires: la scène est coupée en deux; d'un côté de la scène, il est une personne enjouée, de l'autre côté il est une personne triste. Son jeu est très figé mais parvient à jouer les deux personnages dans un premier temps. Puis, il se met à jouer différemment: qu'il soit d'un côté ou de l'autre de la scène, il rabaisse son autre lui. S'il est du côté où il doit jouer la personne enjouée, il se met à rabrouer celui, imaginaire, qui se trouverait de l'autre côté ( la personne triste donc) et vice versa. J'ai l'impression de participer à un combat entre deux MOI, entre deux Nicolas. Je décide que nous allons jouer tous les deux sur ce même principe en échangeant régulièrement les rôles et donc d'espace scénique. Il se déchaîne sur mon personnage, veut le contrôler, le rabaisser et dit même vouloir le faire descendre plus bas que terre. Je le reprends, lui rappelle la consigne: il joue un personnage, moi le contraire du sien et nous entrons en relation. Mêm s'il se contrôle un court instant il revien toujours à un mode relationnel de toute-puissance. L'autre sembke être un objet sur lequel il peut exercer son omnipotence et sa tyrannie.

Lors de l'écriture, il est beaucoup plus calme et n'est pas dans le même rapport à l'autre que précédemment. Ceci après la lecture du texte sur le mime qui nous avons écrit, il a voulu le reprendre pour qu'il soit plus cohérent. Ce que j'ai refusé: laissons le hasard au hasard. Il exprime le fait de s'être beaucoup amusé lors de cette séance.


Après cela, lors de la réunion que nous faisons toutes les 6 séances, je demande à le voir au sein d'un groupe. Voici le contenu de la séance:

3 enfants viennent à cette séance. Outre N., il y a aussi L. que nous avions vu quelques séances auparvant ( dont la séance qui fut un entretien). Et J. qui vient d'arriver au centre du Bois Perrin , qui d'après ce qui ml'a été dit serait sur un versant dépressif.

L; d'emblée ne veut rien faire, dit avoir mal au ventre. Et en effet, elle ne fera rien ou presque. En effet, elle est restée avec le groupe, a regardé avec attention les improvisations des deux autres enfants et a même fait une proposition pour trouver une solution à une oppression. Elle a souri et même ri alors qu'elle était spectatrice. C'est pour cela que je dit qu'elle n'a rien fait ou presque: elle pu prendre de la distance en étant spectatrice, elle a apporté une sympathique présence et une contribution à une improvisation. En fin de séance, quand je lui dit « bon week end » elle me dit qu'il ne sera pas bon puisqu'elle ne quittera pas l'unité Antarès. Et là contre toute attente je lui dit « d'où le mal de ventre peut être? » ( dans ma tête, je me dis « aïe! Je n'aurai pas dû. Mais il est trop tard c'est sorti malgré moi alors autant assumé) et elle me rétorque « mais non, j'ai vraiment mal » et moi de lui répondre «  je n'ai pas dit que tu faisais semblant ». Puis elle s'en va avec un petit sourire en coin.

J. est un peu timide au début mais avec un peu de stimulation, il trouve des idées, des solutions aux conflits. Il est de plus en plus à l'aise et son esprit semble foisonné d'idées. Il n'a pas peur du regard des autres et prend visiblement du plaisir à jouer des personnages différents. Il dira après l'improvisation sur le conflit père/fils préférer être dans le rôle du père car il a alors un pouvoir de décision.

N. est très enthousiaste et actif en début de séance. Mais dans les exerices du « lancé de mots » et l' « histoire collective », il revient toujours sur les mêmes mots ou des idées qu'il a déjà émises auparavant. Ce qui paut laisser supposer qu'il ne lâche pas suffisamment prise pour laisser son imaginaire s'exprimer. Par contre, il fait une bonne improvisation sur « la veste » ( mettre une veste imaginaire: premier passage, on aime cette veste; deuxième passage, on ne l'aime pas). Il a très bien su exprimer ces deux émotions contraires. Par contre dans l'improvisation du conflit père/fils ( et vice versa), il ne parvient pas à s'imposer en tant que père et dira plus tard préférer être le fils car il « est habitué aux mensonges; c'est une seconde nature ». Le dernier exercice d'improvisation s'appelle « trop tard »: il y a 3 tables , l'une très éloignée, l'autre à moyenne distance et la dernière toute proche; l'acteur, doit courir vers la table la plus éloignée, une fois qu'il l'a atteinte, un acteur, assis à cette table, lui dit « c'est trop tard ». Et ainsi de suite avec les deux autres tables. Là on s'arrête et chacun doit proposé une solution à cette oppression. N. a voulu s'imposer; mais son jeu a été refusé par tous les acteurs? Je lui demande de réfléchir et de trouver une façon de régler cette oppression. Le fait que sa première idée, qui est au final sa façon habituelle de fonctionner, ait été refusée l'a plongé dans un profond désarroi. Il ne sait pas. Il ne voit pas quoi proposer d'autre. Je tente de l'orienter mais rien n'y fait. J'ai l'impression qu'il ne comprend pas pourquoi « le passage en force » ne fonctionne pas. Je propose alors d'écrire un texte tous ensemble. N. ne veut plus rien faire. Il écrit deux mots au début du texte sans appuyer sur son crayon à papier. Puis il finit par ne plus rien faire du tout. Il me semble que c'est sa mise en échec lors de l'exercice précédent qui lui fait refuser tout autre proposition. Je n'insiste pas. A la fin de la séance, il me dit « c'est rien. C'est à cause des médicaments: je suis H.S ». je ne dis rien; je prends cette explication telle qu'elle est.

Conclusions: N. , ce groupe, ne s'est pas montré tout-puissant et n'était pas dans le contrôle de l'autre, sauf dans le jeu «  c'est trop tard »,où il a vraiment été mis en difficulté. Quand j'ai tenté de l'orienter un peu pour qu'il trouve une autre solution, je lui ai demandé de se mettre à la place des personnes déjà assises. Mais il n'a pas su le faire. Il me répondait « je sais pas ». Cette incapacité à se mettre à la place de l'autre pourrait aussi expliquer son mode relationnel.

Pour J., il me semble que cette séance très positive. Il a pris de la distance, a pris du plaisir. Il a pu régler des conflits en faisant des compromis et a trouvé une solution à l'oppression alors même que sa proposition de départ avait été rejetée.

Quant à L., il me semble que ,malgré le fait qu'elle n'ait pas accepté de faire, elle a tout de même ,de par sa présence et son écoute, participé activement à cette séance.


6ème séance:

Lors de cette séance qui précède celle décrite juste au dessus, trois enfants viennent à l'atelier: deux jeunes filles: J. et C. ainsi qu'un jeune garçon, S..

Nous avons commencé la séance par « oui, je sais même que... »( le premier protagoniste dit par exemple, « hier j'ai jouer au football » et le second répond « oui je sais mêm que les ballon étaient en plomb » et ainsi de suite en répétant toujours le début de la phrase « oui je sais mêm que.. »). Il en ressort un scénario morbide proposé par les deux jeunes filles: nous sommes face à des tempêtes, des raz-de-marée, des morts. C. raconte que ses parents sont là pour sauver les gens de la noyade mais que l'avion dans lequel ils sont avec le petit frère s'écrase. Tout le monde meurt. J. raconte que nous allons nous recueillir sur une tombe qu'elle va fleurir. Dans cette histoire collective, tout n'est que désolation et il n'y a pas d'espace pour l'espoir. Probablement le reflet de ce que pourrait être leur vie respective.S., quant à lui, était en difficulté mais en le stimulant, il est parvenu à continuer l'histoire qui se profilait sans pour autant tomber dans le même désespoir que les deux jeunes filles.

Ensuite, il y eut l'improvisation « patron/employé ». Chacun fut tour à tour le patron et l'employé. Le patron n'est pas content après son employé qui a fait une grosse erreur. Il s'agit de trouver une solution à ce conflit.

Durant cette improvisation, J. se cache derrière un placard ce quif ait que nous ne pouvons pas la voir jouer son personnage. Elle rit également, mais ce rire est avant tout nerveux. De ce fait, nous pouvons supposer une grande peur du regard de l'autre et une certaine difficulté à passer dans l'espace imaginaire.

  1. fait preuve de beaucoup d'autorité en tant que patron et finit par « virer » son employé sans ménagement. Par contre, elle a une forte tendance à passer à l'acte ( prend le bras de sa partenaire et la pousse vers l'extérieur de la scène).

S. joue ce duo avec le co-thérapeute. Il se maîtrise bien son agressivité et trouve une solution pacifique au problème ( il est alors le patron). En inversant le rôle, il parvient à se défiler du problème par une entourloupe. Par contre, quand il est à la place du spectateur, il rit très fort, bouge beaucoup, tape des mains: il semble dans une sorte d'extase. Cela semble être un moment de pure jouissance pour lui.

Nous faisons ensuite un jeu de grommelot: un clochard vole dans les poubelles d'une riche villa, le ou la propriétaire sort et s'énerve.

  1. fait ce duo avec moi. Ce fut très physique. Elle me pousse, prend la poubelle et la tire vers elle, de sorte que je me retrouve par terre. Elle lâche dans son personnage beaucoup de l'agressivité qu'elle semble renfermée et réprimée en elle dans la vie courante.

J. est comme paralysée. Il apparaît qu'elle ne parvient pas à se servir du grommelot pour s'exprimer. Elle reste figée. Le co-thérapeute propose de jouer avec elle. Mais elle ne parvient pas à s'emparer de ce nouveau langage. Peut être est-ce trop symbolique? Est-ce le manque de sens de ces sons qui la paralyse?

S. , lui s'en amuse beaucoup. Il parvient à se contenir et ne passe pas à l'acte.

Nous passons ensuite à l'écriture.

J. ne comprend pas les consignes et du coup elle se déconcentre et se met à chantonner tout en ayant le regard flottant. Mais elle parvient tout de même à écrire avec un peu de stimulation.

S. est mis en difficulté car il ne connaît pas la grammaire de base et ne peut comprendre quand on lui dit que c'est lui qui écrit le verbe. Il fint par s'énerver et va jusqu'à menacer une des jeunes filles verbalement. Puis il me vise avec une flèche en plastique en disant que ça peut crever un oeil. Ce à quoi je réponds que vu que je porte des lunettes cela lui sera difficile: cela fonctionne: il abandonne la fléche et devient un peu plus calme. Il a tout de même réussi à contenir toute son agressivité qui était pourtant à fleur de peau à ce moment-là.

  1. s'est très vite saisi du média et s'est amusée. Elle était concentrée. Une fois que nous avons fini l'histoire, elle a proposé de dessiner sur le mode du cadavre exquis ce que j'ai accepté. Seul S., n'ayant pas compris la consigne, n'a pas dessiner la partie du corps qui lui était imparti: le tronc. Il a dessiné une poubelle à la place.

Conclusions de la séance: S. est passé de l'extase du spectateur à l'agressivité qui a bien failli éclatée. Le fait qu'il se soit contenu peut vouloir dire que notre cadre et notre présence était suffisamment contenant et rassurant.

J. a exprimé son plaisir lors de cette séance. Lorsque nous reparlons du grommelot, elle me dit qu'elle ne pouvait pas le faire parce que ça n'a pas de sens. Cela peut suggérer un problème de symbolisation.

  1. a réussi à exprimer son agressivité lors de cette séance sans pour autant être trop débordante et a pris du plaisir lors de cette séance.


Conclusions générales:

Les séances avec M.L. montrent à quel point il est important d'avoir plusieurs médias dans notre pratique afin de pouvoir s'adapter aux évènements et aux problématiques des personnes que nous recevons dans nos ateliers d'art-thérapie.

Il arrive également que des séances ne soient pas de l'art-thérapie: il me semble qu'il faut les accepter telles quelles afin de pouvoir établir une relation de confiance permettant petit à petit au patient à se laisser aller sur le chemin de son imaginaire et de sa créativité.






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