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13 janvier 2009 2 13 /01 /janvier /2009 19:13
  AVERTISSEMENT:
Je n'ai pas pu ajouter les schémas que j'avais réalisés et qui expliquaient plutôt bien certains propos..je les mettrai dès que possible..Ceci sont les notes que j'ai prises lors de ce colloque qui a duré toute la journée avec un rythme infernal aussi bien pour nous auditeurs que pour les scientifiques qui intervenaient. Certains ont été obligés de passer de grands pans de leurs interventions à cause du manque de temps...quel dommage!!! Bonne lecture tout de même!!!

Colloque international:


Vers un dialogue entre la psychanalyse et les neurosciences:


Introduction du Professeur Sylivie Tordjman, professeur en pédopsychiatrie:


Il est important des restituer le symptôme en rapport avec l'historique du sujet. En effet, nous avons pu observer des effets de la croyance sur l'effet des symptômes. Les facteurs environnementaux peuvent modifier les facteurs génétiques. On peut supposer qu'il y a une cascade de facteurs environnementaux qui pourrait causer des imageries cérébrales anormales. Ce qui laisse à penser que des imageries cérébrales anormales pouraient être une conséquence plutôt qu'une cause.

On peut se poser la question du « pourquoi le tout cérébrale »? L'imagerie cérébrale permet de rassurer avec des images qui peuvent être objectivables. Celles-ci apportent du contrôlable et repésentent l'irreprésentable. Il ne faut cependant pas oublier que ces images sont réanalysées, réinterprétées par des logiciels. Il y a un risque de multiplication d'explorations invasives sur les enfants notamment, ceux-ci passant de statut de sujet à un statut d'objet.

Les variantes et les invariants sont aussi essentiels: il y a une grande importance de la subjectivité dans la thérapeutique.

L'objectif de ce type de colloque est de se confronter à des champs différents de nos champs habituels, à des idées différentes tout en gardant nos spécificités.


Aspects historiques des collaborations entre la psychanalyse et les neurosciences:

Professeur Sauvagnat, professeur de psychopathologie à Rennes.


Freud avait une formation de neurologue et a fait de nombreuses recherches ( lamproies, coca..). Dans son ouvrage sur l'aphasie, il introduit la notion d'hyperassociation et montre aussi les limites de la neurologie. Il y a plusieurs interprétations divergentes de son ouvrage « Esquisse d'une psychologie scientifique »: certains y voient un travail purement biologique, d'autres purement psychologique, d'autres encore une esquisse de la psychanalyse, certains une intuition novatrice des sciences cognitives et enfin Lacan qui y voyait un ouvrage fondant l'éthique de la psychanalyse.

Freud se réfère tout le temps à la biologie mais instaure des limites entre les deux domaines. « La biologie est un domaine avec des possibilités infinies » ( « Au dlaà du principe du plaisir ».). Il fait beaucoup références à Lamarck, Darwin et aux néodarwiens ( Weismann). Dans « les 3 essais sur la théories de la sexualité », il fait référence à l'endoctrinologie.

Il refuse le finalisme des néo-lamarckiens et éprouve de la méfiance envers la panpsychisme de Groddeck.( théorie qui affirme que le psychisme serait tout puissant).. Il est également méfiant envers l'oeuvre psychosomatique de F. Alexander. « Il faut refuser la tentation du système nerveux autonome et des glandes endocrines ».

En 1913, il écrit un texte assez court « Intérêt de la psychanalyse pour la biologie », centré sur la déception de faire reconnaître le ro^les des pulsions sexuelles à côté des notions d'évolution et de luttes pour la vie.


Sandor Rado,théoricien d'un double mécanisme des toxicomanies. Il postule que celles-ci apportent un renforcement du Moi tout en créant un court-circuit pulsionnel. Il parle aussi de la toxicomanie sans drogues ( addiction aux jeux par exemple). Il nomme le court-circuit pulsionnel « pharmacothymie. Selon lui, le Moi peut être renforcé par l'usage de toxiques mais il y a une sorte de jouissance qui va détruire l'ordonnancement. Ce court-circuit a inspiré Mélanie Klein ( agressivité fondamentale des instincts) et Lacan ( Imago du sevrage. 1938).


Lawrence Kubie, neurologue ( un des fondateurs de la cybernétique). Il fera una anlyse avec E. Glover et deviendra payschanalyste.

Il découvre les circuits d'activation en boucles des réseaux neuronaux (1930) et prpose une hypothèse neurologique de soubassements des névroses ( circuits fermés réverbérants tournant sans fin). Cette hypothèse sera réinterprétée comme une distorsion du processus de symbolisation. Il s'intéresse à l'hypnose et soutient Erikson. Le modèle cybernétique est repris par Lacan qui s'en inspire pour élaborer son modèle du graphe du désir ( refus de « réaliser » le message inconscient dans des neurones réels ». 1956).


Georges Engel, fondateur du modèle «  bio-psycho-social », est un neurobiologiste converti à la psychanalyse. Il est connu comme psychosomaticien et théoricien du modèle bio-psycho social, au début très réductionniste. Il collabore avec John Romano. Il fait alors une analyse et rencontre F. Alexander à Chicago. Il intervient dans le débat entre le stress et le trauma psychique. Le stress n'est pas seulement déterminé par une agression mais aussi par un manque de stimulation et de soutien. Il parle de syndrôme « hopelness-helpleness-giving-up-given-up.


G. Edelamn et A. Modell, le premier est prix nobel de biologie et le deuxième psychanalyste. Tous deux n'ont cessé de collaborer. Modell prolonge la théorie du Slef de Heinz Kohut et ajoute la notion d'après-coup.

Edelman soutient que la mémoire est dynamique, associative et transformationnelle. Les neurosciences nécessitent la notion de Self.

Chacun trouve recours à l'autre du point de vue théorique.


E. Kandel est prix Nobel de biologie. Il a montré la plasticité cérébrale et a travaillé sur l'aphasie ( 1998).La psychiatrie, la psychologie cognitive et la psychanalyse peuvent définir pour la biologie quelles sont les fonctions mentales à étudier, aider à définir des buts de recherches pertinents et poser des questions psychologiques auxquelles la biologie doit répondre pour une meilleure compréhension des processus psychologiques complexes.

Par contre, il considère que la psychanalyse doit s'inféoder aux neurosciences surtout en matière de méthodologie.


Nous avons donc plusieurs point de vue et collaborations possibles.

Engel fait cohabiter la psychanalyse et les neurosciences; Kandel a recours aux deux mais propose une fusion des deux domaines. Edelman et Modell collaborent en respectant les différentes méthodologies. Lacan fait des références implicites aux neuroscinces ( séminaire sur l'angoisse notamment). A. Green rejette cette collaboration qu'il décrit comme une impasse et une humiliation pour la psychanalyse.


Intérêt de la psychanalyse pour les neurosciences:

  • Théories de l'intersubjectivité, théories de la'mour.

  • Théories des divisions subjectives et formes d'ambivalence ( tri-partition freudiennes: Cs, Précs et Ics; Moi, ça et Surmoi).

  • Théories des pulsions, des formes de jouissances.

  • Théorie du corps en tant que « donné », construit ( stade du miroir, membres fantômes)

  • Question de l'effet placebo/nocebo comme effet transférentiel

La psychanalyse doit tenir compte des développements de la science.


Neurociences et psychanalyse: les leçons de la discontinuité:

F Ansermet (professeur à l'université de Genève) et P. Magistretti (professeur de neurosciences à l'université polytechnique de Lausanne:


Comme nous l'avons vu dans l'exposé précédent, il y a plusieurs types de point de vue concernant cette rencontre entre les neurosciences et la psychanalyse:

  • Une hétérogénéité absolue.

  • Une superposition: recouvrir les fonctionnements psychiques par la biologie et vice-versa.

  • Réunion des deux ordres hétérogènes.

  • Intersection: deux domaines sans commune mesure mais on y trouve une intersection autour de la problématique de la trace qui est un point de butée. La difficluté partagée est «  qu'est ce que la trace laissée par l'expérience ? ».

La plasticité du cerveau:

Quest-ce? C'est la capacité qu'a le cerveau d'être modifié par l'expérience. Le cerveau se modifie en permanence ( surtout les transferts d'informations).

Les mécanismes de cette plasticité:

  • variation du nombre et de l'architecture des synapses ainsi que de l'efficacité de celles-ci ( c'est à dire de l'efficacité des transferts d'informations).

  • Réarrangements structurels: neurogenèse ( apparitions de nouveaux neurones chez l'adulte).

    L'expérience laisse une trace mais il ne s'agit pas d'une ou deux synapses mais bien d'un pattern de synapses facilitées.

Il y a donc un mécanisme qui permettrait à ces traces de se réassocier et de donner un nouvel ensemble de traces. Celui-ci pourrait être un modèle du non-conscient.

On parle de reconsolidation: processus par lequel une trace est momentanément modifiable juste après sa réactiviation. Les traces mnésiques sont labiles, modifiables et réassociables.

Le paradoxe de la plasticité:

L'inscription de l'expérience et la réassociation de traces séparent de l'expérience: il y a introduction d'une discontinuité.Le sujet et l'inconscient peuvent être perçu comme un produit de la discontinuité. Leur fonction est dysjointe par rapport aux traces qui les portent.

Il ya un changement permanent dans la plasticité: tout se conserve=continuité; mais tout se modifie également=discontinuité. De plus, l'inscrition des traces est diachronique alors que la réassociation de celles-ci est synchronique. Nous sommes biologiquement déterminés à ne pas complètement déterminés.

Schématiquement: spatialréaménagement des traces; temporel→réaménagement synchronique

Tout ceci forme la discontinuité ou « Small delay » entre le conscient et l'inconscient.

Le fait que l'inconscient ignore le temps est un élément de la discontinuité.

La question qui pourrait réunir les neurosciences et la psychanalyse:

Comment est produite la singularité qui fait que nous sommes uniques et irremplaçables?

Y-aurait-il un point de commune mesure entre la trace mnésique et la trace en psychanalyse?


L'oscillation entre deux modes de traitement de l'information et son lien éventuel avec la psychanalyse:

Jean-Pol Tassin,Neurobiologiste, directeur de recherche INSERM et collège de France:


Nous avons environ 100 milliards de neurones soit environ 10 000 neurotransmetteurs. Il y a deux modes en interaction:

  • un traitement rapide, analogique qui dépend des caractéristiques génétiques.

  • Un traitement plus lent qui fait intervenir le préfrontal et l'action de modulateurs qui permettent de passer d'un traitement analogique à un traitement cognitif.

Les modulateurs modulent les réseaux pour répondre de manière adaptée et font des choix en fonction des perceptions.

Les neuroleptiques et les drogues n'interviennent pas sur les 99% de neurones mais sur le 1% de modulateurs. Il existe plusieurs sortes de modulateurs:

Noradrénaline qui réagit à la nouveauté; la sérotonine qui protège de l'extérieur; si elle s'épuise cela amène des comportements agressifs.De plus, elle maintient le traitement des informations internes; la dopamine quant à elle récompense.

Pendant le sommeil, il n'y a qu'un traitement analogique pur. Celui-ci est très rapide mais peut produire des erreurs. En dessous de 66 millisecondes, l'information n'est pas traitée et ne va pas jusqu'au système conscient.

La dopamine permet un traitement de l'information et donne une fonction aux structures. Quand la dopamide disparaît, l'information n'est pas maintenue suffisamment longtemps.

Etant donné que la mémoire cognitive n'existe pas, il faut renvoyer l'information dans le système analogique.

Dans les premières années de la vie, le cerveau ne fonctionne qu'en système analogique. Puis vers 3-4 ans, les deux systèmes fonctionnent. L'amnésie infantile peut s'expliquer par le fait que l'information n'étant pas passée par le système cognitif, celle-ci n'est pas restituable.


L'empathie: au carrefour des neurosciences et de la psychanalyse:

Jean-Marc Guille, professur agrégé de pédopsychiatrie, Université de Montréal et CNRS UMR8189 à Paris:


On peut distinguer trois plans: neuronal, cognitif et psychique. Ceux-ci ont leur propre autonomie.

L'empathie est un traitement de l'information émotionnelle associée aux stimuli sociaux. Plusieurs processus:

  • empathie procédurale: partage de l'émotion inné et non-consicent; déclenchement automatique; est présent chez l'animal

  • empathie sémantique: se développe plus tard; une association entre émotion et vocabulaire est présente; il s'agit de la lecture des émotions.

  • Empathie biographique: elle implique un rappel mnésique et est associée à une expérience biographique commune.

Régulation et empathie: de bas en haut ( bottom up) et de haut en bas.

Régulation= flexibilité cognitive, distinction soi/ non-soi; inhibition.


« L'empathie est le mécanisme qui nous rend possible toute prise de position à l'égard d'une autre vie mentale ».

Stern: interaffectivité ( imitation des expressions faciales); accordage affectif ( imitation, réponse transmodale de l'adulte, symbolisation avec un choix de réponses transmodales; verbalisation des affects; référence à un état émotionnel de l'enfant inféré à partir de son expression faciale).

Widlöcher: -processus d'inférence qui par tous les canaux, y compris pragmatiques, infère un état mental chez autrui.

Mécanisme reposant sur l'imaginaire et par un processus d'identification permet de dégager tout un florilège de sens.


Grille d'évaluation psychodynamique des étapes évolutives de l'autisme centré sur l'image du corps:

Geneviève Haag, psychiatre, psychanalyste à Paris:


Observation du langage corporel et préverbal chez l'enfant autiste. Il n'y a pas de construction normale de la perception du corps.

Il y a peur du regard ( tomber, se répandre..). Cette peur est de plusieurs natures:

  • peurs prédatrices ( avoir les yeux percés, percer par le regard).

  • Peurs spatiales ( risuqe de tomber dans un espace sans fond, tomber derrière la tête de l'autre).

  • Peurs orales: elles apparaissent plus tardivement ( dévorer et être dévoré).

Démonstration en langage préverbal, expérimenté etr théâtralisé en corps à corps:

  • tactile profond du dos+rythmicités sonores+ interpénétration des regards portant des échanges émotionnels=effet d'entourance circulaire ou sphérique avec un noyau central dans la zone orale ( axe langue mamelon)

  • projection de l'enveloppe corporelle sur l'espace et les objets: objets ronds, objets contenants.

De plus, l'interpénétration des regards fait flamber l'amygdale.


Construction de l'axe vertical du corps:

  • poursuite des échanges émotionnels et appui en hémicorps, puis dédoublement progressif de l'hémicorps fusionné; reprise auto-érotique dans les jonctions entre les deux côtés du corps.

    -projection dans l'espace architectural sur les angles et les encoignures.

Pour la grille, 8 domaines sont ressortis:

  • état de l'image du corps.

  • Manifestations émotionnelles dans la relation.

  • Etat du regard.

  • L'exploration e l'espace et des objets.

  • Etat du langage.

  • Etat du graphisme.

  • Repérage temporel

  • Manifestations agressives.


L'enfant autiste, quand il reste agrippé à la lumière ou à toute autre stéréotypie, n'a pas conscience du temps. Il n'accepte pas la linéarité du temps.

Plusieurs clivages: sensoriel, corporel, langagier, cognitif.

L'inattendu du surgissment de la voix est l'analogie des borborygmes intestinaux; d'où une peur des bruits de tuyaux. Quand cette peur a disparu, les enfants font écouter les bruits de tuyaux puis s'opère une réouverture à la voix.


Le développement de la perception des visages: un carrefour multidisciplinaire?

Scania de Schonen, directeur de recherche, Laboratoire Psychologie de la perception, CNRS UMR 8158...:


La répartition des luminances se fait sur la rétine; le cerveau transforme ces stimuli pour en faire des images ou des informations cohérentes.

Le cortex temporal à 2 mois a une activité métabolique réduite et une densité synaptique pauvre.

Le nourrisson préfère les horizontales et les patterns chargés de plus de contrastes dans les parties supérieures qu'inférieures. L'attention du nourrisson pour le visage proviendrait du réseau sous-cortical. Cela se passe aussi au niveau du cortex visuel. Certaines cellules seraient matûres plus tôt et assureraient une préférence puis constituerait une image du visage de face. Il ne voit que les fréquences basses; il perçoit des clairs et des obscurs. N'importe quelle image ayant plus ou moins la forme d'un visage est un visage. Il fixe la zone supérieure de la tête. La barre des yeux doit être sombre sur les images pour que le nouveau-né les regarde. Est-il sensible à la direction du regard? Oui mais seulement si le visage est de face. Vers 10-12 mois, le nouveau-né sait ce que veut dire la direction du regard.

Quand le visage est impavide et qu'il n'y a pas d'interaction, le nouveau-né réagit négativement. Il discrimine correctement les formes.

La catégorisation perceptive est présente chez le nouveau-né. Le nouveau-né « crée » un prototype ( moyenne des formes ou des visages). A 9-10 mois, il y a disparition de la sensibilité aux contrastes non-présents dans son environnement.

Par exemple, des coréens adoptés entre l'âge de 3 à 9 ans, reconnaissent mieux les différents visages caucasiens qu'asiatiques ( performance identique à celle des adultes élevés en France); par contre des coréens arrivés à l'âge adulte reconnaissent plus facilement les différents visages asiatiques que caucasiens. Et il en est de même pour la perception de la parole.


Conclusion:

Ce colloque était fort intéressant; ceci dit, un long chemin reste à parcourir avant que ces deux disciplines ne « dialoguent ». En effet, dans les deux domaines, beaucoup de personnes ne voient pas l'intérêt qu'elles peuvent se porter mutuellement. La question a été posée par le professeur Dardenne s'il était possible de créer la neuropsychanalyse. Il ne me semble pas qu'il faille fusionner les deux disciplines mais plutôt les faire travailler en commun sur des axes de recherches possibles.


Stéphanie Carvalho

www.neurosciences-psychanalyse.com

le site du collège de France.



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