Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
19 septembre 2008 5 19 /09 /septembre /2008 10:59

 

Projet d'art-thérapie dans un centre de psychiatrie infanto-juvénile:

 

Expressions théâtrales:

 

Pour notre deuxième stage, nous retournons au centre du Bois Perrin à Rennes. Nous avons proposé d'élaborer un projet art-thérapeutique axé sur les expressions théâtrales. Nous n'utilisons pas le terme de théâtre, car il semble que ce terme prête à confusion. Lorsqu'on parle de théâtre, les personnes pensent immédiatement à des textes à apprendre et un spectacle de fin d'année. Or la mise en place d'un spectacle n'est pas une priorité en soi et , vu le contexte de ce stage, il ne peut y avoir de spectacle puisque nous effectuerons ce stage dans un unité de soins où les enfants ne restent que peu de temps.

 

Le contexte et les patients:

Nous effectuerons notre stage dans l'unité Antarès au sein du centre du Bois Perrin où y sont pris en charge des enfants et des adolescents de moins de 16 ans. Ceux-ci sont en situations de crises aigües ( passages à l'acte, agressivité, fugues répétées, troubles à traits psychotiques, tentatives de suicide, addictions..). L'hospitalisation y est brève, c'est à dire d'un maximum de deux mois et à temps plein. Les séances auront lieu chaque vendredi matin pour une durée de deux heures et ce dans une salle située au deuxième étage du bâtiment.

 

Les situations que nous seront amenées à rencontrer sont:

  • des syndrômes dépressifs, mal-être au sein d'une situation familiale compliquée ( avec parfois détection ou expression de la part du patient de comportements incestueux ou violents.

  • Pathologies du lien: rupture scolaire, sociale et/ou familiale.

  • Troubles de comportements:manque de concentrtion, enfants rapides.

  • Délinquance, violence.

  • Débuts de pathologies psychiatriques telles que les troubles bipolaires.

  • Anorexie.

  • Conduites addictives.

 

De là, se dégagent plusieurs problématiques inhérentes à ces situations:

  • Une mésestime/ dévalorisation de soi.

  • Un manque de prise de distance.

  • Un manque de liens.

  • Des difficultés à entrer en relation avec l'autre et avec soi-même.

  • Des problèmes de limites ( quelles soient corporelles, ou spatio-temporelles).

  • Des difficultés à travailler en groupe,à s'y intégrer.

  • Une nécessité d'être dans un cadre rassurant à respecter.

  • Une inhibition de l'imaginaire et du plaisir de jouer.

 

 

Expressions théâtrales:

Notre sujet de mémoire ayant changé au profit de la thématique de la place de l'art-thérapie dans le cadre de prises en charge courtes à groupes ouverts, nous avons voulu confronter deux médias fort différents: le premier était le récup'art, le deuxième sera l'expression théâtrale.

Nous souhaitons utiliser ,pour une grande part, les techniques élaborées ou améliorées par Augusto Boal.

Augusto Boal, né en 1931 à Rio de Janeiro est dramaturge, écrivain, metteur es scène, homme de théâtre et homme politique. Il développe diverses techniques et types de théâtre: théâtre de l'opprimé, théâtre-image, théâtre-forum et s'intéresse dès 1981 au théâtre thérapeutique. Il est également l'instigateur du théâtre législatif ( 1992).

Augusto Boal dit: «  Dans le théâtre de l'opprimé, il faut montrer que les choses ne sont pas, qu'elles sont en train d'être. Rien n'est, tout est en train d'être. » Ce qui fait un surprenant parallèle avec la problématique de l'adolescent: être en devenir, en pleine transformation: il est en train de...

Nous nous inspirerons des divers exercices pour acteurs et non-acteurs qu'il a mis en place. En effet, il nous est apparu que ceux-ci permettent à l'enfant, progressivement et tout en s'amusant,

  • de mieux maîtriser son corps ( meilleure expression corporelle),

  • de respecter le cadre ( aussi bien scénique que art-thérapeutique),

  • de respecter ses partenaires, amélioration des troubles de la relation,

  • de lâcher-prise,

  • de retrouver confiance en soi,

  • de restaurer l'affectif, la communication verbale,

  • de développer l'imaginaire,

  • de redécouvrir le plaisir de jouer,

  • de dédramatiser.

Sans oublier que l'improvisation théâtrale demande à être attentif aux différentes informations, à tenir compte de ses ressentis, de ses partenaires et de l'univers qui émerge pour aller à le rencontre de l'autre. Ce qui, là aussi, entre pleinement dans les problématiques rencontrées par ces jeunes.

Les enfants auront tour à tour à être acteurs et spectateurs, car « Il est aussi important de jouer que de voir jouer » ( Winnicott).

La notion de jeu est ici importante tout autant que celle d'aire intermédiaire: la scène est cet espace intermédiaire winnicottien qui se trouve entre l'extérieur et l'intérieur, entre la réalité psychique et la réalité externe, là où peut se développer la créativité et le jeu. C'est « le va-et-vient entre fiction et réalité qui apporte la preuve au patient, à l'intérieur du jeu, qu'il lui est possible, tout comme au thérapeute, de supporter l'angoisse, la folie et le désespoir » ( Patricia Attigui).

 

Quand le « cadavre exquis » fait le lien:

Il nous paraissait important de consituer un lien entre les séances et les différents enfants de passage dans l'atelier d'art-thérapie. Nous proposons l'élaboration d'un recueil de courtes pièces de théâtre par le biais du « cadavre exquis », recueil qui sera écrit par les différents patients au fil des séances. Une pièce sera peut être écrite en une séance d'autres en plusieurs séances; ceci nous permettant de garder un fil conducteur, un lien entre tous les enfants passés et à venir.

Le « cadavre exquis » est un jeu collectif inventé par les surréalistes vers 1925. Ce jeu consiste à composer une phrase ou un dessin par plusieurs personnes sans que celles-ci ne puissent savoir ce que le précédent à écrit. Il y a plusieurs variantes de ce jeu et deux ont retenu toute notre attention:

  • Un enfant écrit une question et le suivant écrit la réponse sans savoir ce que le premier a demandé. ( ce qui pourrait donner de savoureux dialogues).

  • Un enfant écrit une première phrase, replie son papier et écrit le début d'une deuxième phrase. Le deuxième enfant continue cette phrase, replie son papier et écrit le début d'une autre phrase, ainsi de suite.

Pourquoi introduire le « cadavre exquis »? Parce qu'il nous semble que c'est un moyen très ludique d'écrire, qu'il fait entrer le hasard comme moyen d'inspiration; ce qui peut permettre aux enfants venant dans nos ateliers d'accéder plus facilement au lâcher-prise, de se laisser aller à leur imaginaire. André Breton a dit: « (...) Avec le cadavre exquis on a enfin disposé d'un moyen infaillible de mettre l'esprit critique en vacances et de pleinement libérer l'activité métaphorique de l'esprit ». Il nous semble que par ce biais pourront se cotoyer l'humour et la poésie: deux champs qui sont parfois absents ou inhibés dans la vie de nos jeunes patients.

 

 

Le déroulement des séances:

  • Le temps d'accueil: présentation des différentes personnes présentes, des règles, des objectifs.

  • Le temps d'expressions théâtrales: avec échauffement corporel et vocal, travail sur l'espace, la rythmique, les sensations, des jeux « aveugles » ( où personne ne voit ou seulement quelques uns, des jeux de statues ( qui peuvent évoluer dans le sens de courtes scènes de théâtre-image), grommelot, mimes, masques ( élaborés par les patients), improvisations...

  • Le temps du cadavre exquis: élaboration, à plusieurs, de courtes pièces de théâtre avec la technique du cadavre exquis sur le thème de la séance ou sur un thème proposé par les patients. Ces courtes pièces seront ensuite taper à l'ordinateur pour être insérer dans le recueil. Les enfants pourront également illustrer ce recueil.

 

 

Ce projet nous semble rassembler la majorité des problématiques que les jeunes rencontrent. Nous ferons un premier bilan des séances d'art-thérapie après 6 ou 7 séances et éventuellement nous pourrons ajuster notre projet en fonction des difficultés rencontrées.

 

Stéphanie Carvalho-Périchaud.

Cursus par correspondance, 3ème année.

 

Jeux pour acteurs et non-acteurs, Augusto Boal.

L'art-thérapie, Jean Rodriguez et Geoffroy Troll.

Créativité et art-thérapie en psychiatrie, P. Moron, J.L. Sudres, G. Roux.

De l'illusion théâtrale à l'espace thérapeutique, Patricia Attigui.

Www.wikipedia.fr

 

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0

commentaires

A
^^<br /> merci pour tes coms ^^<br /> enfaite j'ai des poussées de prolifiquation (?)<br /> a des heures très ... tardives alors je suis tt le temps creuver :'(<br /> ça va sinon ?^^<br /> gros poutouxx ( & a philip aussi :D )<br /> @+
Répondre
<br /> j'adore ce mot!!! Prolification....c'est un très beau barbarisme....sinon ça va très très bien.<br /> bisous<br /> <br /> <br />
A
ouai elle est trop bien cette photo ^^<br /> ( je me trouve jamais bien sur les photo mais là je me trouve bien ^^)<br /> enfaite c'est philipe ( pas le tien >
Répondre